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En quittant l'Élysée, Hollande pourra gagner plus en travaillant moins

Dimanche soir, l'actuel locataire de l'Élysée redeviendra un citoyen ordinaire avec, toutefois, certains avantages, dont l'indemnité mensuelle de 5.200 euros accordée aux anciens présidents. Mais en liquidant les divers droits à la retraite qu'il a accumulé, François Hollande disposera de revenus encore plus confortables.

François Hollande est en passe de redevenir un citoyen comme les autres (ou presque). Dimanche 14 mai, le président de la République passera le flambeau à Emmanuel Macron, son ex-ministre de l'Économie.

L'actuel locataire de l'Élysée va toutefois bénéficier, en tant qu'ex-président de la République, d'un ensemble d'avantages enviables, au même titre que ses prédécesseurs. Comme le précise le décret du 4 octobre 2016, François Hollande disposera ainsi d'une "locaux, meublés et équipés, dont le loyer, les charges et les frais généraux sont pris en charge par l'État". À cela s'ajoute la mise à disposition de sept collaborateurs permanents dont un directeur de cabinet. Toutefois, comme le stipule un décret signé de sa main en octobre dernier, ce nombre de collaborateurs passera à trois au bout de cinq années. François Hollande sera le premier ex-Président concerné par cette mesure.

5.200 euros par mois de traitement

Tous les frais de déplacements effectués dans le cadre de ses activités d'ancien chef de l'État (de même que ses frais de réception) sont également pris en charge. Enfin, le ministère de l'Intérieur est tenu de fournir des véhicules et des chauffeurs au président, tandis que les services du Premier ministre se chargent des autres formes de "soutien matériel et en personnel". Ce qui fait qu'au final, les anciens président de la République coûtent cher au contribuable (voir encadré).

Reste la rémunération de l'ancien président de la République. Cette indemnité versée à tous les anciens chef de l'État "est fixée depuis 1955 par la loi et correspond à environ 5.200 euros nets", rappelle le député PS de l'Aisne René Dosière, auteur d'Argent, morale, politique (Seuil). Elle correspond au traitement d'un conseiller d'État en service ordinaire.

Voilà donc ce que touchera François Hollande au titre des cinq années passées à l'Élysée. Mais, à bientôt 63 ans, le septième président de la Ve République peut aussi "toucher un certain nombre de pensions liées aux activités passées de parlementaire, d'élu local ou d'auditeur à la Cour des comptes", souligne René Dosière qui chiffre le tout à 15.000 euros nets par mois.

Un revenu comparable à celui qu'il avait comme Président

Dans un droit de réponse à un article (erroné) du magazine Marianne fin 2014, la directrice de cabinet de l'époque de François Hollande, Sylvie Hubac, expliquait qu'au total "en supposant que François Hollande demande le moment venu la liquidation de toutes les pensions auxquelles il a droit", le futur ex-président aurait le droit à "une dotation mensuelle de 15.114 euros nets".

Le détail était le suivant: 235 euros nets mensuels au titre d'élu local, 168 euros nets annuels pour sa retraite d'avocat (il a exercé un temps aux côtés du célèbre avocat Jean-Pierre Mignard) 6.208 mensuels euros de retraite parlementaire, 5.184 euros mensuels au titre d'ancien président de la République et 3.473 euros mensuels au titre de sa retraite de conseiller référendaire à la Cour des comptes.

François Hollande aurait pu sensiblement augmenté ses émoluments avec la rémunération de 12.000 euros nets que verse le Conseil constitutionnel à ses membres, y compris les anciens présidents de la République qui le sont de droit. Mais en mars 2013 François Hollande avait pris l'engagement de ne pas y siéger.

Avec cette rémunération globale de 15.114 euros nets, François Hollande toucherait plus que ce qu'il gagnait jusqu'alors: "autour de 14.000 euros (exactement 14.910 euros bruts, ndlr)", rappelle René Dosière, qu'il avait abaissée de 30% par rapport à celle de Nicolas Sarkozy (21.300 euros bruts) peu après son élection. Le député de l'Aisne rappelle d'ailleurs que depuis le 1er janvier dernier 100% de cette rémunération sera soumise à l'impôt sur le revenu contre 75% par le passé. Conséquence de l'amendement au projet de loi de Finances que René Dosière avait déposé à l'automne dernier.

Des anciens chefs d'État qui coûtent cher

Comme l'expliquait il y a un an René Dosière sur son blog, les trois anciens présidents de la République, Valéry Giscard d'Estaing, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy "coûtent" 9,6 millions d'euros par an.

Valéry Giscard d'Estaing: 3,9 millions d'euros (300.000 euros de frais de fonctionnement, 1,1 million d'euros pour le personnel, et 2,5 millions d'euros pour la protection).

Jacques Chirac: 2,4 millions d'euros (200.000 euros de frais de fonctionnement, 900.000 euros pour le personnel, et 1,3 million d'euros pour la protection).

Nicolas Sarkozy: 3,3 millions d'euros (300.000 euros de frais de fonctionnement, 1,2 million d'euros pour le personnel, et 1,8 million d'euros pour la protection).