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Finances publiques

Pourquoi l'État va privatiser les radars embarqués dès janvier

"Les radars embarqués ne circulent aujourd'hui qu'une heure par jour. Soucieux de recentrer les forces de l'ordre sur des missions prioritaires, le gouvernement a donc décidé de confier cette mission à des entreprises privées."

3.464 personnes sont mortes sur les routes en 2015, soit 2,4% de plus qu'en 2014, selon un bilan provisoire du ministère de l'Intérieur. Il s'agit de la deuxième année consécutive de hausse.

Pour enrayer cette tendance inquiétante, l'État a décidé d'intensifier son action en ayant recours au secteur privé. Manuel Valls avait ainsi annoncé en octobre dernier qu'il déléguerait à des sociétés privées les contrôles de vitesse opérés avec des radars mobiles. Embarqués à bord de véhicules banalisés, ces radars permettent de flasher un automobiliste en excès de vitesse sans que celui-ci ne s'en rende compte.

Cette privatisation sera effective dès janvier prochain, comme l'avait annoncé sur RMC Emmanuel Barbe, le délégué interministériel à la sécurité routière, le 26 février dernier.

Rentabiliser le parc

Plusieurs raisons expliquent cette décision. Tout d'abord l'État compte rentabiliser le parc de ces voitures banalisées, qui comprend des Renault Megane, des Peugeot 208 et 308 ou encore des Dacia Sandero. À l'heure actuelle, ces véhicules ne circulent que 1 heure et 13 minutes par jour alors que les voitures coûtent "70.000 euros à l'achat et 18.000 euros d'entretien annuels" selon Emmanuel Barbe, s'exprimant dans Le Parisien ce jeudi 7 avril.

"Notre objectif est de multiplier par trois ou quatre les heures de sortie de ces véhicules qui circuleront sur nos routes nuit et jour", ajoute-t-il. L'État compte également augmenter le parc. En 2015, 319 véhicules étaient équipés de flashs infrarouges. D'ici à 2018 121 voitures supplémentaires vont être mises en circulation, soit 440 automobiles au total, affirme Le Parisien.

Les Français hostiles à la mesure

En privatisant des radars mobiles, l'État va également pouvoir redéployer les gendarmes et les policiers chargés de conduire les véhicules banalisés vers des missions considérées comme prioritaires comme le contrôle de l'alcoolémie.

Reste que cette idée ne sied guère aux Français. Selon un sondage Harris pour 40 millions d'automobilistes cité par le Parisien 83% d'entre eux voient d'un mauvais œil la mesure et 76% considèrent que son objectif premier va être d'augmenter le nombre de contraventions. Emmanuel Barbe assure néanmoins que "la rétribution des prestataires agrées ne dépendra pas du nombre d'amendes".

"C'est la voiture et elle seule qui procédera comme aujourd'hui au contrôle automatique de la vitesse et l'analyse du flash continuera à être effectué par un officier de police judiciaire basé à Rennes au centre de traitement automatisé des infractions", assure-t-il également.

J.M.