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Economie et Social

Près d’un agriculteur sur trois gagne moins de 400 euros par mois

Tandis que le nombre d’agriculteurs en détresse ne cesse de croître, les demandes de primes d’activité se multiplient. Et pour cause: 30% d’entre eux ont eu un revenu équivalent à 354 euros par mois en 2015.

Appels au secours, explosion des demandes de primes d'activité: la sinistrose s'étend chaque semaine un peu plus dans le monde paysan, selon la MSA, la sécurité sociale des agriculteurs, qui tente d'apporter des solutions à un secteur "résigné" face à une crise persistante.

Le nombre d'agriculteurs en détresse ne cesse en effet de croître et leurs interrogations face à la situation économique du secteur prennent une tournure presque existentielle. "Il y a une interrogation dans les campagnes sur le sens de notre métier: on est là pour faire quoi?", a déclaré Pascal Cormery, président de la MSA lors d'une conférence de presse mardi, allant jusqu'à évoquer une "résignation complète" des membres de la corporation. "Beaucoup de mes collègues me disent : 'Est-ce qu'on a vraiment besoin de nous ? Est-ce qu'on sert vraiment à nourrir la population?'", a-t-il ajouté.

Autre signe de la précarité croissante dans le monde paysan, l'explosion de la demande de primes d'activité, le nouveau dispositif pour les travailleurs à revenu modeste qui a remplacé le RSA activité: alors que la MSA attendait 60.000 demandes pour l'ensemble de 2016, elle en est déjà à 200.000 depuis le début de l'année.

Mauvaises récoltes

Elles concernent pour un tiers les chefs d'exploitation, et pour deux tiers les salariés agricoles. L'explosion des demandes s'explique assez facilement: en 2015, 30% des agriculteurs imposés au régime réel ont eu des revenus équivalents à 354 euros par mois.

En 2014, ils étaient 18% dans cette situation, relève la MSA, inquiète de l'évolution pour 2016, alors que les chiffres concernant les récoltes de l'année n'en finissent pas de dégringoler.

La crise conjoncturelle et structurelle de l'agriculture touche tous les secteurs, surtout les exploitants laitiers et les éleveurs bovins. Mais cette année, les céréaliers ont aussi vu fondre la production de blé tendre de 32% en raison de la mauvaise météo.

Selon des chiffres publiés la semaine passée par Santé Publique France et la MSA, près de 300 agriculteurs se sont suicidés en 2010 et 2011, sur une population de 480.000 personnes. Avec une surmortalité particulièrement marquée chez les éleveurs bovins (lait et viande) âgés de 45 à 54 ans.

Y.D. avec AFP