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Prime d’activité: la vraie-fausse annonce de Hollande

François Hollande a annoncé dimanche sur Canal Plus que la prime d'activité concernerait "tous les Français".

François Hollande a annoncé dimanche sur Canal Plus que la prime d'activité concernerait "tous les Français". - PHILIPPE WOJAZER - AFP

Le chef de l’Etat avait annoncé dimanche que la prime d’activité, fusion du RSA-Activité et de la prime pour l’emploi, serait élargie à tous les Français. Sauf que les apprentis et les étudiants n’y auront en fait pas droit.

Étudiants et apprentis ne seront "pas éligibles" à la future prime d'activité, a tenu à préciser ce lundi le ministère du Travail, après l'annonce par François Hollande dimanche d'un élargissement de cette mesure qui doit entrer en vigueur au 1er janvier 2016.

"Je vais élargir" cette prime d'activité, qui "concerne tous les Français", avait déclaré le président sur Canal Plus, sans préciser si elle serait étendue aux apprentis et aux étudiants salariés, une mesure attendue.

Les étudiants qui travaillent en seront privés

"A ce stade, la prime d'activité sera ouverte à tous les actifs, dont les jeunes de 18 à 25 ans", mais "les étudiants ou les apprentis n'y seront pas éligibles", a pour sa part nuancé une source au ministère du Travail. Les étudiants exerçant des petits boulots pourront-ils y prétendre ? "Non", a-t-elle répondu.

La prime d'activité n'est pas nouvelle. Ses contours sont connus depuis plusieurs semaines. La seule nouveauté était donc que les jeunes de moins de 25 ans pourraient en bénéficier. Mais ses conditions ne sont pas encore connues. Aucun critère d’éligibilité n'a été dévoilé. On ne sait par exemple pas combien de temps il faudra travailler pour y avoir accès.

Plus de détails devraient être dévoilés mercredi, à l'occasion de la présentation du projet de loi du ministre du Travail François Rebsamen, qui contient cette mesure, en conseil des ministres. Selon la presse, elle pourrait coûter jusqu'à 1,5 milliard d'euros.

Le RSA activité et la PPE en échec

Auparavant, le gouvernement avait recours au RSA et à la prime pour l'emploi. Pour rappel, le RSA -pour Revenu de Solidarité Active- est une aide sociale versée par la Caisse d'Allocations Familiales, une fois par mois, aux personnes qui ont un travail mais qui n'arrivent pas à en vivre correctement. Il faut noter qu'il y a une différence entre le RSA activité et le RSA socle. Le premier est prévu pour les salariés en activité, mais aux revenus très faibles. Tandis que le second est l'ancien RMI (Revenu minimum d'insertion) qui concerne les personnes sans revenus.

La prime pour l'emploi, elle, est un crédit d'impôt versé une fois par an, sous forme de crédit d'impôt, par Pôle emploi aux individus à faible revenu. Ces deux dispositifs, complexes, ont échoués. D'où la mise en place de la prime d'activité, un chèque versé une fois par mois aux individus qui travaillent par la CAF.

Une idée risquée

Ce dispositif a évidemment vocation à séduire un électorat jeune. On drague les jeunes qui ne vont plus aux urnes, ou qui pourraient voter Front National. Le véritable risque de cette mesure, c'est qu'elle rende ténue la frontière entre le dispositif menant à l'emploi et celui du simple minima social. Elle peut en revanche être constructive si elle est une étape qui conduirait à repenser, autour de cette prime pour l'emploi, l'ensemble du système des aides sociales. Si l'on recentre et l'on fusionne ces versement, aujourd'hui saupoudrés dans tous les sens, pour cibler véritablement les publics qui en ont le plus besoin, ce sera très positif.

Cette prime d'activité sera encore plus efficace si elle mène à mettre en place un "revenu minimum d'activité", c'est-à-dire rassembler l'ensemble des minimas sociaux dans un seul dispositif qui cible les personnes à plus faible revenu, afin de sortir par le haut des tares du salaire minimum, le smic. 

Nicolas Doze avec AFP, édité par N.G.