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Finances publiques

Ce que rapporte vraiment le tabac à l'Etat

L'addiction au tabac de ses administrés coûte moins cher à l'Etat que ce qu'elle lui rapporte.

L'addiction au tabac de ses administrés coûte moins cher à l'Etat que ce qu'elle lui rapporte. - Fabien1309 - WikimediaCommons

Les fumeurs rapportent largement plus qu'ils ne coûtent d'argent aux finances publiques, estime une étude parue ce lundi. Mais il est bien le seul à s'enrichir.

Mauvais pour la santé, le tabac, certes, mais pas pour les finances publiques. Une étude parue ce jeudi évalue les recettes (nettes) que tire l'Etat de cette mauvaise habitude. Le gestionnaire des comptes publics est d'ailleurs bien le seul à s'enrichir grâce aux fumeurs, note le cabinet Microeconomix, qui a réalisé ce travail.

A partir de données de l'Observatoire français des drogues et toxicomanies de l'Insee, et de l'INPES, ses chercheurs ont établi les coûts et les recettes pour l'Etat en 2013. Dans la colonne "débit", on trouve les dépenses de santé directement liées au tabac, estimées à 16,3 milliards d'euros. Sont également pris en compte les impôts non-encaissés du fait du décès prématuré des fumeurs. Soit 3,3 milliards d'euros de manque à gagner.

Baisser le prix du paquet pour équilibrer les comptes

Dans la colonne "crédit", se trouvent évidement les taxes récoltées sur la vente de cigarettes, de 14 milliards d'euros, TVA comprise. Autre recette: les économies réalisées par l'Etat sur les retraites non-versées du fait de la mortalité précoce des fumeurs. Elles atteindraient 6,6 milliards d'euros, selon les auteurs de l'étude.

Au total donc, l'attrait pour le tabac de ses administrés coûte 19,6 milliards d'euros à l'Etat, mais lui en rapporte 20,6. Il empoche donc un milliard d'euros net sur l'addiction d'une partie de la population. Pour équilibrer les deux colonnes, il faudrait que le paquet soit abaissé à 6,62 euros, soit 38 centimes de moins que le prix actuel de référence, à 7 euros.

Si les caisses publiques se remplissent, ce n'est absolument pas le cas de la population et des entreprises, note toutefois Microeconomix. Car "les impacts du tabac sur la société ne se réduisent pas aux comptes publics", soulignent ses chercheurs.

Une perte de richesse pour les entreprises

Ils évoquent ainsi la "perte de richesse produite par les entreprises du fait de l'absence ou des décès liés au tabagisme". Qui implique un appauvrissement du fumeur empêché de travailler, et de la société. Un manque à gagner estimé à 16 milliards pour 2013. En outre, les recettes de l'Etat sur la fiscalité du tabac ne constituent en réalité qu'un transfert de richesse des amateurs de blondes aux caisses publiques. En aucun cas une création nette.

Finalement, le coût social du tabagisme atteint 15,7 milliards d'euros en 2013, estime l'étude. Dans ces conditions, le tabac n'est pas "rentable" pour la France. Pour qu'il le soit, il faudrait que le prix du paquet soit augmenté de… 87% à un peu plus de 13 euros. Et même, plus, si l'on considérait le fumeur comme victime de son addiction, et mal informé de la perte de revenus que sa pratique engendre pour lui. Pour compenser ses pertes financières, il faudrait alors porter le tarif du paquet à 15,69 euros. 

N.G.