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Qui sont les patrons et start-uppers derrière Emmanuel Macron?

Dans l'organigramme du mouvement créé par Emmanuel Macron, on retrouve quelques entrepreneurs

Dans l'organigramme du mouvement créé par Emmanuel Macron, on retrouve quelques entrepreneurs - ERIC PIERMONT / AFP

Si Emmanuel Macron est soutenu par quelques grands patrons connus, trois créateurs d'entreprise sont engagés directement au sein d'En Marche! comme délégués nationaux.

"Nous sommes aujourd'hui derrière le candidat Emmanuel Macron, en tout cas sur le plan économique et social. Il n'y a pas l'ombre d'une hésitation". Pour le président du Medef, Pierre Gattaz, il n'y a qu'un seul choix possible le 7 mai prochain. Durant la campagne du premier tour pourtant, les patrons étaient divisés entre le candidat d'En Marche! et François Fillon. Si le candidat LR avait la préférence de Pierre Gattaz ou encore d'Henri de Castries (ex-patron d'Axa) et de Pierre Danon (ex-Numéricable), Emmanuel Macron avait lui le soutien de figures du monde des start-up comme Marc Simoncini (Meetic), Cédric Sire (le patron de Webedia, l'éditeur d'Allociné ou de Pure People) ou encore de Paul Hermelin (CapGemini), de Pierre Pringuet (Pernod-Ricard) et de Mourad Boudjellal (le créateur de l'éditeur de BD Soleil et actuel président du club de rugby de Toulon).

Mais si ces patrons ont affiché leur soutien pour le candidat arrivé en tête au premier tour de l'élection présidentielle, ils ne sont pas pour autant investis au sein d'En Marche!. Cependant, dans l'organigramme du mouvement créé en avril 2016 par Emmanuel Macron, on retrouve tout de même quelques entrepreneurs. Sur les neuf délégués nationaux, trois ont dirigé ou créé des entreprises. Pas des multinationales ou des géants du CAC 40, plutôt des start-up ou des entreprises issues de l'économie solidaire. 

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- © Force Femmes

La seule exception, c'est peut-être Françoise Holder. La co-fondatrice avec son mari Francis Holder des boulangeries Paul et propriétaire de Ladurée, s'est engagée très tôt à titre personnel au sein d'En Marche!. Dès juin 2016, alors qu'Emmanuel Macron n'était encore que ministre de l'Économie, Françoise Holder l'a rencontré à Bercy en tant que présidente de l'association Force Femme et du Conseil de simplification. "J'ai été immédiatement emballée, explique-t-elle. J'ai vu quelqu'un de jeune, de dynamique. Et puis surtout Emmanuel est un des seuls hommes politiques à avoir été salarié dans le privé. Il sait ce qu'est une entreprise, il sait qu'il faut faire des bénéfices pour après les redistribuer et investir". 

Son rôle de déléguée nationale consiste surtout à organiser des manifestations et des rencontres avec des entrepreneurs. "On relaie auprès d'eux la parole d'En Marche!, on fait remonter des idées, explique-t-elle, mais je n'ai pas participé à l'élaboration du programme".

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- © TEdX

Si Françoise Holder est le relais d'En Marche! auprès du monde des grandes entreprises, Axelle Tessandier est celle qui a l'oreille des start-uppers. Cette entrepreneuse du numérique de 36 ans qui a longtemps vécu entre Paris, Berlin et San Francisco a délaissé son entreprise de conseil en management du numérique AXL Agency pour se consacrer à la campagne de son mentor. Au sein d'En Marche!, si elle assure ne pas avoir de rôle thématique, elle a, outre le numérique, oeuvré pour construire la partie du programme sur l'égalité homme-femme. 

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- © Groupe SOS

Pour la fibre sociale, c'est vers Jean-Marc Borello que se tourne Emmanuel Macron. Surnommé le "Bill Gates du social" ce chef d'entreprise de 59 ans a connu le candidat du temps où ce dernier était étudiant à Sciences Po. Borello qui y enseignait l'a alors pris sous son aile et l'a aidé à préparer le concours d'entrée de l'ENA. C'est lui qu'Emmanuel Macron est allé chercher en octobre dernier lorsqu'il préparait son futur programme présidentiel. Jean-Marc Borello est un peu la caution de gauche du candidat d'En Marche!. Ce self-made man qui n'a que le bac en poche dirige en effet le groupe SOS, un géant de l'économie sociale et solidaire qui compte 15.000 salariés. Son groupe qui comprend aussi bien des centres d’hébergement pour toxicomanes et SDF, que des crèches ou des entreprises commerciales de location de voitures hybrides ou de distribution de produits équitables a réalisé près de 900 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2016. 

"Dire que la finance, c'est l'ennemi, c'est complètement con"

Entrepreneur social, Jean-Marc Borello qui a connu de nombreuses vies (il a notamment été éducateur spécialisé ou encore a dirigé le groupe de la reine de la nuit Régine dans les années 1990) n'en est pas moins reconnu par ses pairs. Il a ainsi été élu en janvier dernier entrepreneur social de l'année au Forum de Davos. Surtout, l'entrepreneur social a beau être de gauche, il reste très pragmatique. L'idéologie, très peu pour lui. "Avant de redistribuer la richesse, il faut réussir à la créer. La gauche a un petit souci avec la première phase de l'opération, explique-t-il dans Le Point. Dire que la finance, c'est l'ennemi, c'est complètement con. Cela dépend pour quoi faire. Sortons de cette logique idéologique et soyons pragmatiques. La finance est simplement un outil". C'est lui qui a contribué à la réflexion d'Emmanuel Macron sur un modèle de "flexi-sécurité" à la nordique. "Les rentes tuent ce pays. Pas que la rente financière, mais aussi la rente de situation, notamment celle du CDI. De moins en moins de gens en bénéficient... L'effort majeur de leurs détenteurs consiste à empêcher les autres d'y accéder. Si on continue comme ça, on aura, nous aussi, notre Donald Trump", se désole-t-il.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco