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Finances publiques

« Récession », le mot qui fâche le gouvernement

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Le spectre de la récession a refait surface avec les nouvelles prévisions de l’INSEE. Au gouvernement, à l'exception d'Eric Woerth, on rechigne à employer le terme.


Définition de la récession

Le dictionnaire définit la recession comme une baisse du PIB (produit intérieur brut) pendant 2 trimestres consécutifs, c'est à dire une baisse de la richesse créée en France pendant 6 mois.

Les chiffres de la croissance

En 2008, la croissance du PIB de la France a été la suivante : +0,4% au premier trimestre, -0,3% au deuxième et l'INSEE prévoit -0,1% aux troisième et quatrième trimestres. Sur toute l'année 2008, l'INSEE prévoit une croissance qui serait tout de même de 0,9%, contre 2,4% en 2006 et 2,1% en 2007.

Des avis contradictoires

A la lecture de ces chiffres, la question se pose : la France est-elle entrée en période de récession ? Les opinions divergent. La réponse est oui, expliquent certains, car l'activité en France est réduite et le chômage est en hausse. D'autres économistes expliquent au contraire que le mot de récession n'est pas adapté à la situation actuelle car la croissance sera tout de meme positive cette année.

Ainsi jeudi, Eric Woerth, le ministre du Budget, refusait d'évoquer une récession : « L'idée est de savoir à combien on sera en termes d'augmentation de notre PIB d'ici la fin de l'année, d'ici le mois de décembre. Alors est-ce que la France croît ou est-ce qu'elle ne croît pas ? 1% de croissance, c'est 1% de croissance. Il y a une définition technique et statistique de la récession, et puis il y a la réalité des choses. On ne va pas se battre sur les mots, ce qui est important c'est de noter que le ralentissement est fort et que la crise est évidemment très importante. Ca fait très longtemps qu'on n'a pas vécu une situation aussi grave sur le plan économique ».

Xavier Bertrand, ministre du Travail, faisait lui aussi jeudi tout pour ne pas lâcher le mot qui fâche : « Le sujet aujourd'hui n'est pas de prononcer des mots ou de faire des grands mots mais de savoir comment répondre le plus concrètement possible aux problèmes des Français ».

Ce vendredi à Antibes, aux journées parlementaires de l'UMP, Eric Woerth a finalement admis que la France était en « récession technique ». Si les prévisions de l'INSEE se réalisaient, à savoir trois trimestres « négatifs » consécutifs, ce serait du jamais vu en France depuis la récession de 1993.

La rédaction avec Annabel Roger et Stéphanie Collié