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Redressement productif: les tops et les flops d'Arnaud Montebourg

Arnaud Montebourg a dû faire face à de nombreux défis durant sa première année au ministère du Redressement productif.

Arnaud Montebourg a dû faire face à de nombreux défis durant sa première année au ministère du Redressement productif. - -

Arnaud Montebourg présente ce vendredi 14 juin son plan pour la "localisation et la relocalisation productive". En un an, le ministre aux sortie parfois déroutantes a eu de nombreux dossiers à traiter. Florilège.

Les hauts fourneaux de Florange

C’est probablement le dossier le plus compliqué qu’ait eu à traiter Arnaud Montebourg. Erigé en symbole de la lutte ouvrière, promesse de campagne du candidat Hollande, le sauvetage de l’usine Arcelormittal de Florange donne lieu à six mois de combat acharné.

L’occasion de faire resurgir le spectre de la nationalisation, brandi par le ministre du Redressement productif, au grand dam de Jean-Marc Ayrault. C’est finalement le Premier ministre, et sa volonté de trouver un compromis avec Lakshmi Mittal, qui l’emportent.

Arnaud Montebourg, sur le point de démissionner, se ravise finalement à la demande de François Hollande et d’Edouard Martin, le charismatique leader syndical CFDT de Florange. Il s’autorise même quelques nouvelles saillies, comme lorsqu’il déclare, en novembre : nous ne voulons plus de Mittal en France.

L'usine Goodyear d'Amiens-Nord

Dès l’annonce de la possible fermeture du site par la direction de Goodyear, Montebourg monte au créneau. Il appelle tous les éventuels repreneurs à revenir à la table des négociations, dont l’entreprise américaine Titan.

Mais un courrier envoyé au ministre par le PDG du groupe, Maurice Taylor, met le feu aux poudres. Les deux hommes se répondent alors par médias interposés, Arnaud Montebourg réunissant –une fois n’est pas coutume- l’ensemble de la classe politique derrière lui.

Malgré tout, le sort des salariés de l’usine est toujours en suspens, aucun repreneur n’ayant été trouvé.

Le Fonds monétaire international

Le 4 juin dernier, Pierre Moscovici accepte sans broncher les recommandations du FMI, appelant notamment à accroître la concurrence dans le marché des biens et de services,

Arnaud Montebourg, lui, prend son ministre de tutelle à contrepied. "La politique de la concurrence n'est pas l'alpha et l'oméga de la politique industrielle", assène-t-il en réponse.

Le "Made in France"

Montebourg veut remettre au goût du jour le concept du "made in France". Pour ouvrir le débat, le ministre choisit de poser en Une du Parisien magazine, vêtu d’une désormais célèbre marinière.

L’initiative semble avoir été suivie par bon nombre d’entreprises, notamment dans le secteur automobile, avec Renault ou Toyota. Mais aussi dans d’autres domaines, à l’image de l’enseigne de distribution Leclerc, qui signale désormais les produits "made in France" dans ses magasins.

La BCE et Angela Merkel

Lors d’une rencontre avec l’Association des journalistes économiques et financiers, le ministre fait d’une pierre deux coups. Angela Merkel et la Banque centrale européenne (BCE ) en prennent pour leur grade.

La première pour avoir, selon lui, dicté le taux de l’euro. Quant à la seconde, Arnaud Montebourg décide de briser le tabou de son indépendance : "Je demande à ce que nous politisions davantage l'euro et que la banque centrale européenne s'occupe du taux de change", déclare-t-il alors.

Renault

Lorsque Renault annonce son intention de supprimer 7.500 postes, en janvier dernier, Montebourg met en garde: le gouvernement exige qu’il n’y ait ni fermeture de site, ni licenciement.

Pari réussi: au terme de longues semaines de négociations, les salariés et la direction de Renault parviennent à un accord afin d’améliorer la compétitivité du groupe.

Le patron, Carlos Ghosn, accède à une autre demande du ministre : faire produire des véhicules Nissan, le partenaire de Renault, en France. Cerise sur le gâteau, le dirigeant fait un léger effort sur son salaire. Depuis, les deux hommes entretiennent des rapports quasi idylliques.

PSA

A l’instar de Renault, le second constructeur français connaît de grosses difficultés dans un marché automobile en berne. Ce qui le pousse à décider la fermeture de l’usine d’Aulnay-Sous-Bois, avec 8.000 suppressions de postes à la clé.

Mais les relations entre ses dirigeants et Arnaud Montebourg sont beaucoup moins cordiales. Le ministre fustige des comportements "pas acceptables" de "certains actionnaires de Peugeot [qui] distribuaient des dividendes et rachetaient des actions tout en préparant et en dissimulant un plan social." Au final, rien ne bouge, et le site fermera bien ses portes en 2014.

Dailymotion

En pleine boulimie de start-ups, le géant américain Yahoo! lorgne sur le site de partage de vidéos français Dailymotion. Problème: celui-ci appartient à Orange, dont l’Etat est actionnaire à hauteur de 27%.

Yahoo ! veut racheter 75% de Dailymotion, mais Arnaud Montebourg s’y oppose, fixant la limite à 50%. "Je ne vais pas vous laisser vendre l'une des meilleures start-up de France !", se serait emporté le ministre au cours d’une rencontre entre les deux parties.

Yahoo ! se retire alors, sous le regard réprobateur de Stéphane Richard, le PDG d’Orange. La classe politique, elle, soutient Arnaud Montebourg, au moins sur le fond.

Pierre Moscovici

Le ministre de l’Economie et des Finances confie à qui veut l’entendre qu’Arnaud Montebourg "l’agace". Leurs différends éclatent au grand jour lors de l’affaire Dailymotion, lorsque Pierre Moscovici désavoue son colocataire de Bercy en déclarant ne pas avoir été informé par ce dernier.

Mais c’est finalement l’ex-député du Doubs qui se retrouve affaibli et certains, au sein même du gouvernement, remettent en cause son autorité. Arnaud Montebourg en profite pour déclarer qu'il y a "deux patrons à Bercy".

Stéphane Richard

En juin, les rebondissements s’accumulent dans l’affaire Tapie, et les regards se tournent de plus en plus vers Stéphane Richard, le PDG d’Orange.

Alors que la rumeur se fait de plus en plus insistante, Arnaud Montebourg déclare: "si Stéphane Richard est mis en examen, il lui sera difficile de rester."

Ce qui lui attire les foudres de Laurence Parisot, la présidente du Medef, mais surtout de François Hollande. Le chef de l’Etat, par un sévère recadrage, le pousse à publier un démenti de ses propos, afin de ne pas déstabiliser l’opérateur. L'avenir dira si sa vision était juste.

Yann Duvert