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Réforme du code du travail: le Medef appelle Macron à "ne rien lâcher"

Si le compte n'y était pas, "ce serait terrible car un entrepreneur, il se démotive ou il s'exile", a averti Pierre Gattaz.

Si le compte n'y était pas, "ce serait terrible car un entrepreneur, il se démotive ou il s'exile", a averti Pierre Gattaz. - Eric Piermont - AFP

À l'occasion de cette première journée de l'université d'été du Medef, Pierre Gattaz a appelé le gouvernement à "surtout ne rien lâcher" dans le cadre de sa réforme à venir du code du travail.

Partagé entre espoirs et inquiétudes, le Medef ouvre ce mardi son traditionnel raout de rentrée. Une université d'été où cette année domineront à la fois l'épineuse réforme du marché du travail et les arbitrages budgétaires pour 2018.

Pour cette 19ème édition, 7.500 personnes sont attendues, dont une majorité de chefs d'entreprises. L'événement qui sera à l'honneur sur BFM Business dans l'Heure H. Parmi les intervenants aux différentes conférences figureront une dizaine de ministres. En revanche, ni le président Emmanuel Macron, ni le Premier ministre Edouard Philippe n'ont prévu de s'y rendre.

Cette année, le slogan de la manifestation, "Confiance et croissance: l'avenir c'est la France", résume la vague d'optimisme qui s'est emparée des patrons depuis l'élection d'Emmanuel Macron. Dans une interview au Parisien, à paraître mardi, le président du Medef, Pierre Gattaz, a appelé le chef de l'État à "surtout ne rien lâcher", en dépit de la baisse de sa cote de popularité.

Les arbitrages sur les sujets sensibles tenus secrets

L'encourageant à "aller au bout de la réforme du code du travail", le numéro un de la principale organisation patronale a affirmé ne pas sentir "du tout de baisse de confiance de la part des chefs d'entreprise". "La conjoncture est bonne, la croissance redémarre, 300.000 emplois ont été créés. Toutes les planètes sont alignées pour engager cette réforme", a-t-il estimé.

Une réforme qui dominera sans nul doute les débats à l'université d'été, alors que le gouvernement a prévu de dévoiler enfin ses ordonnances jeudi. Syndicats de salariés et d'employeurs ont été reçus la semaine dernière par le cabinet de la ministre du Travail Muriel Pénicaud qui leur a déjà soumis des bribes de ces textes. Mais les arbitrages sur les sujets sensibles sont restés pour l'heure secrets, ce qui laisse les partenaires sociaux sur leur faim.

Pour Pierre Gattaz, ne pas restreindre le dialogue social à la présence d'un représentant syndical dans l'entreprise, ou encore plafonner les indemnités prudhommales en prenant comme curseur les petites entreprises, sont quelques-unes des mesures attendues par le patronat. Et si le compte n'y était pas au final, "ce serait terrible car un entrepreneur, il se démotive ou il s'exile", a-t-il averti.

"Continuer à améliorer les marges des entreprises"

Les patrons seront aussi attentifs à toute déclaration sur le projet de budget pour 2018, qui doit être présenté le 27 septembre. "Il faut impérativement qu'en septembre-octobre, le président ancre dans la durée sa réforme fiscale", a jugé Pierre Gattaz. "Il faut continuer à améliorer les marges des entreprises", a-t-il plaidé, appelant à "baisser le coût du travail et la double fiscalité nationale et territoriale".

Saluant l'annonce de la baisse de l'impôt sur les sociétés et la réforme de l'impôt sur la fortune (ISF), le patron des patrons a mis en garde contre une transformation du Crédit impôt compétitivité emploi (CICE) en allègements de charges qui mènerait à une augmentation du travail et insisté sur la nécessité de baisser la dépense publique.

De leur côté, Solidaires et quatre associations, dont Attac et Droit au logement (DAL), ont prévu de manifester mercredi sur le site du campus pour dénoncer les "collusions entre les sommets de l'Etat et le Medef" et une "loi travail 2XXL".

N.G. avec AFP