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Finances publiques

Rémunération des patrons: l'abandon du projet de loi passe mal à gauche

Pierre Moscovici a déclenché un tollé au sein de la classe politique, en annonçant l'abandon du projet d'encadrement des rémunérations patronales.

Pierre Moscovici a déclenché un tollé au sein de la classe politique, en annonçant l'abandon du projet d'encadrement des rémunérations patronales. - -

La décision du gouvernement de renoncer à légiférer sur l'encadrement des rémunérations des dirigeants d'entreprise a déclenché une avalanche de réactions au sein de la classe politique, ce vendredi 24 mai.

Le gouvernement va bien renoncer à encadrer la rémunération des patrons. L'annonce de cette décision par Pierre Moscovici, dans un entretien aux Echos de ce vendredi 24 mai, lui ont immanquablement valu une avalanche de critiques.

"Parisot jubile: 'Veni, vidi, Moscovici'", s'amuse ainsi Jean-Luc Mélenchon dans un communiqué. "Pendant ce temps, la pauvreté augmente. Le pouvoir d'achat de la population recule. Mais les grands patrons pourront continuer à s'augmenter sans limites. Moscovici le leur permet", écrit-il.

Un "camouflet pour la gauche" pour le PCF

Le PCF a également réagi via un communiqué. "Quel beau cadeau de départ pour Laurence Parisot qui quittera ainsi ses fonction sur un triomphe et quel camouflet pour la gauche!", affirme-t-il. "De renoncement en renoncement, l'abandon de la limitation des hauts salaires patronaux est un double scandale: (...) un coup porté contre la justice sociale" et "un crime contre l'économie réelle car ces surplus indécents iront nourrir la bulle spéculative des marchés financiers, responsable de la crise actuelle".

Sans surprise, Olivier Besancenot (NPA) est lui aussi monté au front, accusant le gouvernement d'être "devenu pratiquement le porte-parole officiel du Medef".

Le FN furieux, l'UMP heureuse

Pour Florian Philippot, le vice-président du Front national, François Hollande démontre que la finance est "sa véritable alliée et non son adversaire" comme il l'avait proclamé lors de sa campagne électorale.
"Devant elle, François Hollande a donc capitulé avant même d'avoir commencé le combat", ajoute-t-il dans un communiqué.

L'UMP, elle, paraissait être la seule à se réjouir publiquement de cette annonce. "C'est bien qu'il renonce à limiter les salaires du patron et que ça se fasse dans un cadre du conseil d'administration ça me convient plutôt mieux", a estimé Christian Jacob le chef de file des députés UMP sur RTL. "C'était de la démagogie cette promesse électorale, un mensonge de plus", a quant à lui affirmé Henri Guaino, sur Canal Plus.

Après l'hommage à Schröder, l'annonce passe mal chez les socialistes

Du côté du PS, on observe un silence gêné. Seul Jean-Christophe Cambadélis a tenté de tempérer: "La réalité de la crise est complexe, c'est très, très difficile aujourd'hui de faire passer ce type de loi dans un moment où nous avons besoin de tous pour avancer (...) Il est évident qu'on aurait aimé que cela puisse être fait."

Mais cette nouvelle volte-face pourrait bien entamer le moral des troupes socialistes, déjà, pour certaines, échaudées par l'hommage rendu jeudi réformes sociales allemandes par François Hollande.

La sénatrice (PS) Marie-Noëlle Lienemann, qui avait jugé le discours en question "consternant", a d'ailleurs réagi sur BFM Business. Elle se dit "choquée" par cette annonce:

Dans la foulée, Pierre Moscovici a tenu à publier un communiqué précisant "que les exigences du gouvernement en matière de contrôle de la rémunération des dirigeants d’entreprise demeurent évidemment inchangées."

Le ministre de l'Economie et des Finances indique qu'il "sera très attentif aux résultats de ces travaux et au contenu de l’"autorégulation exigeante" qu’il appelle de ses vœux, l’Etat se réservant, le cas échéant, la possibilité de légiférer."

Yann Duvert