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Finances publiques

Le "retournement économique" de Hollande se profile-t-il vraiment?

Les indicateurs avancés économiques ne donnent pas raison à François Hollande.

Les indicateurs avancés économiques ne donnent pas raison à François Hollande. - -

Le président a affirmé dimanche que "le retournement économique arrive". Pourtant les indicateurs avancés de l'économie n'indiquent rien en ce sens.

Après avoir annoncé l’inversion de la courbe du chômage pour la fin 2013, puis que "la reprise est là" en juillet 2013, François Hollande l’assure à nouveau: "le retournement économique arrive".

Problème: si l’on regarde dans le détail ce que disent les acteurs de l’économie (consommateurs, chefs d’entreprise…) dans les enquêtes qui permettent traditionnellement d’anticiper les fluctuations de l’activité, aucune trace de ce fameux retournement au moins à l’horizon des six prochains mois.

Les ménages ? Leur jugement sur leur situation financière future s’est effondré en avril à des niveaux inconnus depuis les chocs pétroliers de 1974 et 1980 et le tournant de la rigueur en 1983, selon l’Insee.

En général, ce genre d’inquiétude pousse plutôt à remplir les bas de laine qu’à les vider. Et ce n’est pas la réception des feuilles d’impôts à la fin des grandes vacances, feuilles d’impôts qui cumuleront toutes les hausses décidées par les gouvernements Fillon et Ayrault, qui seront de nature à rétablir la confiance.

Les carnets de commande moins biens garnis

Les industriels ? La très regardée enquête ISM auprès des directeurs d’achat est moins bien orientée en avril qu’en mars, tandis que si l’on en croit l’Insee, les stocks tendent plutôt à se regarnir, les perspectives de production se détériorent, les carnets de commandes sont moins bien garnis, notamment parce que la demande étrangère faiblit, victime en partie de la force de l’euro et de la mollesse de l’environnement international.

Les professionnels du BTP ? Les commerçants en gros ? Les métiers de service, qui pèsent à eux seuls les deux tiers du PIB? Tous, toujours selon l’Insee, affichent des inquiétudes grandissantes pour les mois à venir. Inquiétudes confirmées par le Social Ecorama de BFM business, qui mesure l’humeur économique des réseaux sociaux.

Quelles conséquences sur l'emploi?

Les commerciaux ? Leur avis, mesuré par Météo Job et Booster Academy pour BFM Business est toujours précieux car ils sont aux avants-postes de la marche des affaires. Interrogés fin avril, leur verdict est sans appel : ils ne sont que 25% à avoir atteint leurs objectifs au cours de ce mois, 70% d’entre eux constatent un allongement des processus de décision chez leurs clients et 25% seulement s’attendent à une fin d’année meilleure.

Quelles conséquences pour l’emploi ? Regardons ce que dit le marché de l’intérim, bon indicateur avancé des embauches : il est en recul de 2% sur un an en mars, selon Prism’emploi.

Sur l'ensemble du premier trimestre 2014, le repli atteint 2,4 %. Certes à cause du BTP et des élections municipales, mais aussi de l’atonie de l’activité, en témoigne le recul dans le secteur du transport.

Emmanuel Lechypre