Retraites, budget, emploi: les devoirs de vacances de Hollande
Officiellement, c'est pour marquer la fin de la session parlementaire que François Hollande reçoit ce lundi soir à l'Elysée l'ensemble des responsables de la majorité en compagnie du Premier ministre.
En fait, le chef de l'Etat veut caler avec la majorité le calendrier et le scénario des dossiers qui constituront le gros morceau de la rentrée de septembre: retraites, budget 2014 et emploi. Le président voudrait éviter les couacs survenus durant cette session parlementaire, les derniers étant le départ de Delphine Batho, la ministre de l'Ecologie, et la polémique avec Arnaud Montebourg sur les gaz de schistes.
> Les retraites
Après une première phase de concertation avec les partenaires sociaux, en juillet, le gouvernement présentera les grands axes de sa réforme dès la fin août. Il espère ensuite la faire voter durant l'automne pour une application en janvier 2014. Les syndicats ont déjà annoncé une journée de mobilisation le 10 septembre.
Il ne fait plus de doute que le gouvernement proposera un allongement de la durée de cotisation ainsi qu'une hausse de la CSG pour les retraités imposables. En revanche, les fonctionnaires et les bénéficiaires de régimes spéciaux devraient finalement être épargnés. Seules les mesures générales s'appliqueront à eux.
> Les hausses d'impôts
Le "sérieux budgétaire "vanté par Jean-Marc Ayrault devrait caractériser le budget 2014 qui sera discuté à partir du mois d'octobre: en effet, pour la première fois, les dépenses de l'Etat baisseront en valeur absolue. Et au total, les dépenses publiques devraient être réduites de 14 milliards d'euros pour ramener le déficit vers les 3%.
Malheureusement,les impôts pourraient bien augmenter en 2014 si ces hausses sont "absolument indispensables", a reconnu François Hollande le 14 juillet. La semaine dernière, Bernard Cazeneuve, le ministre du Budget, a remis à l'Elysée et Matignon ses propostions pour la partie recettes du projet de loi de finances.
Si de nouveaux impôts ne sont pas au menu exception faite de la mise en place d'une fiscalité écologique, toute une série d'aménagements aux prélèvements actuels alourdiront la note des contribuables concernés: remise en cause de niches fiscales, aménagement de la fiscalité de l'assurance-vie... Ces hausses viendront s'ajouter à celle de la TVA déjà actée pour le 1er janvier 2014.
Au total, les prélèvements obligatoires devraient augmenter de 0,3% l'an prochain, soit 6 milliards d'euros. La majorité devra assumer ce choix à l'égard de l'opinion en septembre.
> L'emploi
Est-ce un hasard si François Hollande va effectuer, demain mardi 23 juillet, un nouveau déplacement en province sur le thème de "la mobilisation pour l'emploi", à Dunkerque?
Les chiffres réconfortants du nombre de chômeurs en mai (100 de plus seulement) ne doivent pas faire illusion. Ceux de juin, qui seront connus dans quelques jours, pourraient être plus mauvais et faire oublier cette petite pause. L'OCDE vient d'ailleurs de publier de sombres prévisions pour la France avec un pic de 11,4% de demandeurs d'emplois pour 2014.
Dans ces conditions, François Hollande n'a plus beaucoup de temps pour voir la courbe du chômage s'inverser avant la fin de l'année comme il l'a promis. La polémique sur un "plan caché" pour réduire le nombre de chômeurs à coup d'emplois aidés (emplois d'avenir, contrats de génération...) va donc refaire surface en septembre. L'exécutif devrait à nouveau expliquer l'utilité de ces emplois.