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Les retraites en tête des slogans des défilés du 1er-Mai

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, dans le cortège parisien. Des dizaines de milliers de personnes - 300.000 à la mi-journée selon la CGT - ont manifesté en France à l'occasion d'un 1er-Mai placé cette année sous le signe de la défense de

Le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, dans le cortège parisien. Des dizaines de milliers de personnes - 300.000 à la mi-journée selon la CGT - ont manifesté en France à l'occasion d'un 1er-Mai placé cette année sous le signe de la défense de - -

PARIS - Des milliers de personnes ont commencé à manifester en France à l'occasion d'un 1er-Mai placé cette année sous le signe de la défense de...

PARIS (Reuters) - Près de 350.000 personnes selon la CGT - 195.000 selon le ministère de l'Intérieur - ont manifesté samedi en France à l'occasion d'un 1er-Mai placé sous le signe de la défense de l'emploi et de l'avenir des retraites.

Syndicats, partis de gauche et organisations étudiantes avaient appelé à interpeller le gouvernement sur la réforme des retraites prévue d'ici la fin de l'année, avant le rendez-vous social annoncé pour le 10 mai à l'Elysée.

"Les salariés, par leur participation à ce 1er-Mai, disent très clairement qu'ils ne sont pas prêts à accepter des sacrifices sociaux dans ces deux rendez-vous", a déclaré le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault lors de la manifestation parisienne, qui a rassemblé 20.000 personnes selon la police, 45.000 selon les organisateurs.

Face à la crise, les salariés "ont montré leur détermination à imposer d'autres choix et notamment l'urgence d'un autre partage des richesses", note la FSU dans un communiqué.

D'après la CGT, près de 350.000 personnes ont participé à 284 rassemblements dans toute la France. Le ministère de l'Intérieur a comptabilisé 195.000 personnes et 317 manifestations.

"Le niveau de mobilisation est comparable à celui du 1er mai 2003, année de la dernière réforme des retraites", note la CGT dans un communiqué. Le nombre de manifestants est inférieur à celui du 1er mai 2009, qui avait vu entre 465.000 et 1,2 million de personnes se mobiliser, selon les sources.

CGT, CFDT, CGT, FSU et Unsa-Solidaires ont manifesté ensemble samedi; Force Ouvrière et la CFTC ont défilé séparément.

Pour François Chérèque, leader de la CFDT, "ceux qui aujourd'hui ont décidé de faire route à part ont tort parce qu'à chaque fois qu'il y a désunion syndicale, il y a un affaiblissement du mouvement social".

DÉLÉGATION D'AIRBUS À TOULOUSE

Crise et retraites étaient au coeur des préoccupations des manifestants parisiens. "Vous avez subi la crise en 2009, allez-vous la payer en 2010 ?", ont-il demandé.

A Lille, entre 2.000 à 3.000 personnes ont défilé derrière une banderole où était écrit: "Ensemble privé public : emploi salaire pouvoir d'achat retraite". "Moi je suis déjà retraité mais que vont devenir les jeunes ?", s'est inquiété Benoît Evrard, banquier retraité de 62 ans.

Environ 3.000 personnes ont manifesté à Strasbourg derrière une banderole intersyndicale CGT, CFDT, Unsa, FSU. Force ouvrière était absent de même que la CFTC, dont l'Alsace est un bastion, qui avait choisi de manifester à Colmar - où elle a réuni 400 personnes, selon la police.

A Strasbourg, les salariés du fabricant américain de mobilier de bureau Steelcase ouvraient la marche, derrière la bannière intersyndicale, pour dénoncer la fermeture de l'usine de Marlenheim (Bas-Rhin) qui emploie 200 personnes.

Il y avait 1.000 personnes à Metz, 1.800 à Nancy.

A Toulouse, près de 5.000 personnes selon la police, plus de 6.000 selon les organisateurs, ont marché sous une pluie fine et froide dans le centre-ville.

Une délégation de salariés d'Airbus France a pris part au cortège après avoir cessé la veille un mouvement de grève national entamé lundi dernier. "Tout au long de notre combat cette semaine, l'intersyndicale FO, CGT, CFDT, CFTC et CGC-CFE est restée solidaire. Nous comptons le rester pour entamer de nouvelles négociations sur nos salaires dès mardi", a déclaré un délégué d'Airbus au nom de cette intersyndicale.

A Marseille, près de 15.000 personnes selon les syndicats, 3.500 d'après la police, ont participé au défilé où l'on a entendu ce slogan : "37 ans et demi, c'est ce qu'il nous faut, partir à 60 ans, c'est important".

De source syndicale, plus de 3.000 personnes ont pris part aux six autres cortèges organisés dans les Bouches-du-Rhône.

"SARKO, FAIS PAS LE MALIN"

A Nice, 2.300 personnes ont défilé, selon la police et les organisateurs. Sur le capot d'une voiture était installé un mannequin portant un masque du président Nicolas Sarkozy, avec des faux billets dans les poches s'envolant au vent.

"Y'en a assez de cette société-là qui n'offre que le chômage et la précarité, engraisse les actionnaires et répand la misère", ont lancé les manifestants.

La mobilisation a été faible à Lyon, où les vendeurs de muguet à la sauvette se sont mêlés aux manifestants.

"Quatre millions d'emplois, c'est possible", "Sarko, fais pas le malin, touche pas à ma retraite", pouvait-on lire sur les affichettes brandies sous la pluie.

Pour Colette, le 1er-Mai est "le rendez-vous de la tradition". "C'est bien d'affirmer qu'on n'est pas d'accord avec le capitalisme, c'est une tradition qu'il faut conserver", a estimé cette sexagénaire.

A Bordeaux, 5.200 personnes selon la police - entre 15.000 à 20.000 selon la CGT - ont battu le pavé sous le soleil en disant "Pour nous la retraite c'est 60 ans" ou "Halte à la casse".

A Nantes, l'intersyndicale a dénombré 5.000 manifestants dans le centre-ville, contre 3.700 pour la police.

"C'est moins bien que l'année dernière, mais ça reste un bon 1er mai", a analysé Marie-Claude Robin, secrétaire départementale de la CGT en Loire-Atlantique. "Le dossier des retraites n'est pas encore dans toutes les têtes. C'est pourtant maintenant qu'il faut se mobiliser: le dossier va passer en conseil des ministres avant l'été. En juillet-août, il sera trop tard !", a-t-elle prévenu.

Elizabeth Pineau et Clément Guillou, avec les correspondants de Reuters en province, édité par Henri-Pierre André