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Retraites: ça va mieux... mais!

La réforme des retraites complémentaires de 2015 explique en partie l'embellie

La réforme des retraites complémentaires de 2015 explique en partie l'embellie - PHILIPPE HUGUEN / AFP

Le Conseil d'orientation des retraites remet ce lundi à Manuel Valls son rapport 2016. Son constat: la situation financière des régimes de retraites va s'améliorer. Une bonne nouvelle pour l'exécutif qui va naturellement utiliser l'argument à l'approche des élections.

Le Conseil d'orientation des retraites (COR) remet ce 11 juillet à Manuel Valls son rapport annuel, le dernier avant les élections. Et bonne nouvelle: notre régime de retraite est en passe de sortir du rouge après une décennie de déficits. 

Si l'on en croit le COR, le déficit se réduira à 4 milliards à l’horizon 2020 alors qu'il parlait encore de 8 milliards l’an dernier. Le Conseil confirme en fait le dernier constat de la Commission des comptes de la Sécurité sociale, début juin, qui a déjà prévu un retour à l’équilibre du seul régime général à la fin de cette année. Le COR entrevoit même l'équilibre financier du système à l'horizon 2025.

C'est presque une divine surprise pour l'exécutif alors même qu'il n'est qu'en partie seulement à l'origine de ce rétablissement des comptes.

Michel Rocard disait qu'avec la réforme des retraites, il y avait "de quoi faire sauter cinq ou six gouvernements". L'homme du "parler vrai" a eu des paroles trop sombres. Car aucun gouvernement n’a sauté à cause des retraites alors que des réformes ont bien été entreprises. Et que visiblement, elles vont enfin payer. 

Les raisons de l'embellie

Le COR explique en effet cette amélioration essentiellement par la montée en puissance des réformes de ces dernières années qui ont abouti à repousser l'âge de départ en retraite et augmenter la durée de cotisation tout en limitant la revalorisation des pensions.

Mais si le COR est moins pessimiste que l'an dernier, c'est surtout en raison de l’entrée en vigueur de la réforme des retraites complémentaires de fin 2015, avec en particulier l’instauration d’un malus si on part avant 63 ans. Une réforme qui va dégager 6 milliards d’économies en année pleine.

Quid du compte pénibilité? 

L’exécutif va s’approprier l’embellie, c’est de bonne guerre. Déjà, jeudi dernier, lors de l’hommage à Michel Rocard qui avait lancé le Livre blanc des retraites en 1990, François Hollande a rappelé que, lui, avait fait voter une réforme, celle de Marisol Touraine en 2013.

Sauf que cette réforme n’a pas encore produit tous ses effets. Elle pourrait même avoir des effets négatifs sur les comptes des régimes de retraites à moyen terme avec la montée en puissance du compte pénibilité et son 1,3 million de bénéficiaires potentiels. Un compte réclamé par la CFDT en contrepartie de l’allongement de la durée de cotisation. Mais ni le COR, ni le gouvernement n’en parlent.

Hollande et Valls passent aussi allègrement sous silence la réforme du gouvernement Fillon en 2008 qui a repoussé l’âge de départ en retraite à 62 ans.

Quant à l’accord sur les retraites complémentaires de fin 2015, le gouvernement n’y est pour rien: ce sont les partenaires sociaux qui l’ont signé, Medef et CFDT en tête. 

Repousser l'âge de départ? 

Il est clair que l’exécutif va quand même se prévaloir du rétablissement des comptes du système de retraites. 

Mais surtout, François Hollande, ou un autre candidat socialiste, va pouvoir critiquer le futur candidat Républicain qui promet du sang et des larmes en matière de retraite. En pratique, reculer l’âge minimum de départ à 64 ans comme Nicolas Sarkozy, ou 65 comme Alain Juppé ou François Fillon. 

P.C