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Finances publiques

Royal: "sans aucun état d'âme, je renonce à l'écotaxe"

Ségolène Royal était l'invitée de BFMTV-RMC.

Ségolène Royal était l'invitée de BFMTV-RMC. - BFMTV

Ségolène Royal était l'invitée de BFMTV-RMC ce 10 octobre. Elle est revenue sur la suspension "sine die" de l'écotaxe.

"L'écologie ne doit pas être punitive". Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie et invitée vendredi de RMC-BFMTV, est revenue sur son annonce, la veille, de la suspension de l'écotaxe. "Aujourd'hui deux problèmes se sont posés : l'application du système de l'écotaxe s'est avéré impraticable et elle allait détruire plus d'emplois chez les transporteurs routiers qu'elle n'allait en créer".

La ministre précise qu'elle n'a pas renoncé au principe pollueur-payeur. "Mais là, il n'était pas réaliste". Elle souligne que c'était un système créé par le gouvernement Fillon qu'elle a essayé de sauver. Mais selon elle, que 40% des rendements échappent aux Français et aillent dans la rémunération d'une entreprise privée italienne – Ecomouv – cela n'était pas admissible. "Sans aucun état d'âme, je renonce à l'écotaxe", déclare-t-elle.

Une déclaration qui ne risque pas de plaire à tout le monde. En effet, pour l'instant, aucune solution n'est trouvée pour les salariés d'Ecomouv, entreprise créée spécialement pour cette taxe. "Il faut regarder la façon dont on peut accompagner ces salariés".

Aucune solution également pour les portiques qui sont déjà installés. "On va regarder ce qu'on en fait".

Négocier avec les sociétés d'autoroutes

Mais surtout, aucune solution pour le manque à gagner. Ségolène Royal explique que cela ne va pas être pris sur la hausse de la fiscalité du gazole. Néanmoins, elle précise que "ces deux taxes sur le gazole ne sont pas dans ma loi. Ce n'est pas ma responsabilité".

La question se pose donc des sociétés d'autoroutes. La semaine dernière, ont été publiés les profils des compagnies autoroutières. Les camions et les automobilistes payent des tarifs 20% trop élevés. "Cette situation est anormale". Ségolène Royal propose donc que ce soit elles qui payent via une taxe sur leurs bénéfices. Néanmoins, Michel Sapin a annoncé le 9 octobre que taxer les sociétés d'autoroutes allait être compliqué. "Les sociétés autoroutières ont bénéficié (...) de contrats extrêmement avantageux (...), extrêmement bien faits, ils prévoient que s'il y a une augmentation de fiscalité (...) il doit y avoir une compensation".

Pour Ségolène Royal, pas de soucis : "les sociétés d'autoroutes demandent des concessions plus longues. Nous avons donc quelque chose à négocier avec elles". Reste le risque qu'elles répercutent cela sur le prix des péages. Pour la ministre de l'Ecologie, cela n'est pas à l'ordre du jour. "Les sociétés d'autoroutes doivent être responsables. C'est aussi leur intérêt, nous sommes tous ensemble pour défendre les intérêts d'un pays".

Et la ministre de dévoiler une autre piste pour pallier au manque à gagner de l'écotaxe, tout en précisant que des négociations auront lieu la semaine prochaine : laisser à certaines régions le droit de faire payer certains axes. "Faire du sur-mesure".

D. L.