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Salariés "illettrés": Macron s'excuse auprès des ex-Gad

Emmanuel Macron s'est rendu à Lampaul-Guimiliau.

Emmanuel Macron s'est rendu à Lampaul-Guimiliau. - Fred Tenneau - AFP

Le ministre de l'Economie s'est rendu dans le Finistère pour s'excuser des propos qu'il avait tenu en septembre dernier.

Emmanuel Macron a fait son mea culpa. Le ministre de l'Économie a rencontré, ce vendredi 23 janvier, à Lampaul-Guimiliau (Finistère) une centaine d'anciens salariés de l'abattoir de porcs Gad, auprès desquels il s'est excusé de les avoir traités d'illettrés en septembre dernier, alors qu'il venait tout juste d'être nommé à Bercy.

"C'était un très beau moment, j'ai vu des très belles personnes", a déclaré Emmanuel Macron au terme de la rencontre à laquelle n'ont pas pu assister les médias. "C'était très émouvant, ils sont très fiers de ce qu'ils sont et je suis très fier d'eux", a-t-il ajouté, disant ne pas souhaiter s'exprimer davantage.

"M. le ministre, on voulait vraiment vous remercier au nom des Gad pour ce que vous avez fait. Ça a été tout à votre honneur d'être venu aujourd'hui ici pour vous excuser", lui a dit Olivier Le Bras, ancien délégué FO de l'abattoir, juste avant son départ.

Arrivé au gouvernement avec une image de technocrate brillant et d'ex-financier aisé, Emmanuel Macron avait commis un faux pas dès sa première intervention dans les médias, en parlant des salariés "illettrés" de l'abattoir breton. Il avait rapidement présenté ses "excuses les plus plates", exprimé ses "regrets" et promis de se rendre sur place pour s'excuser directement.

Accueilli froidement

"Je m'attendais à une arrivée plus houleuse que ce qui s'est passé. Il a été accueilli froidement, mais lorsqu'il s'est exprimé on a senti de la sincérité dans ses propos et il a été applaudi", a témoigné Olivier Le Bras à l'AFP, précisant que le ministre de l'Économie avait rencontré une centaine d'anciens salariés autour d'une galette des rois.

L'abattoir de Lampaul-Guimiliau a été fermé en 2013 après le licenciement de près de 800 personnes. Emmanuel Macron "reconnaît qu'il y a un problème d'illettrisme en France, mais que Gad n'était pas le bon exemple et il s'en est excusé une fois pour toutes", a encore rapporté Olivier Le Bras. "J'espère que la France comprendra que maintenant il faut tourner une fois pour toutes la page de l'illettrisme chez Gad", a-t-il ajouté.

"Certains employeurs maintenant font passer des tests de français quand on a travaillé chez Gad", avait assuré plus tôt l'ancien syndicaliste, qui avait mené la bataille contre la fermeture de l'abattoir. Un ancien salarié a cependant offert au ministre à sa sortie de la mairie un paquet de pâtes en forme d'alphabet. "Ses excuses je ne les prends pas", a assuré ce dernier, Yvon Milin, jugeant ses propos "inadmissibles".

"Déjà, c'est pas maintenant qu'il fallait venir, mais quand on était tous présents devant l'usine pour protester contre sa fermeture", a-t-il estimé. Sur les 889 personnes licenciées en novembre 2013 --sur les sites de Lampaul, mais aussi de Saint-Nazaire et de Saint-Martin-des-Champs-- seules 193 ont retrouvé un emploi en CDI ou en CDD, a indiqué Olivier Le Bras, auteur d'un livre sorti le 16 janvier et intitulé "Le visage des Gad".

Emmanuel Macron lui en a d'ailleurs acheté 35 exemplaires vendredi, au prix de 18 euros l'un, disant qu'il allait les offrir à tous les ministres et secrétaires d'État, selon M. Le Bras. Emmanuel Macron s'était rendu dans la matinée chez le volailler Doux, à Châteaulin, qui a annoncé la création de près de 200 emplois, deux ans après avoir rencontré de graves difficultés.

D. L. avec AFP