BFM Business
Finances publiques

Santé: le plan d'Agnès Buzyn pour "sauver la Sécu" 

Dans une interview au Journal du dimanche, la ministre de la Santé dévoile les pistes gouvernementales pour réduire le déficit de la Sécurité sociale. Évoquant une "révolution douce", elle estime que "30 % des dépenses de l'assurance-maladie ne sont pas pertinentes".

La chasse aux économies est lancée par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui évalue ce dimanche à 30% les dépenses de l'Assurance maladie "pas pertinentes" et explique comment elle entend traquer les actes "inutiles" dans les hôpitaux.

Pour réduire de 3 milliards d'euros le déficit global de la Sécurité sociale en 2018, "il y a une marge de manoeuvre énorme sans toucher à l'égalité des chances: 30 % des dépenses de l'assurance-maladie ne sont pas pertinentes", déclare ainsi la ministre au Journal du dimanche.

Alors que l'Assemblée nationale doit entamer la semaine prochaine l'examen du projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS), elle a détaillé dans cet entretien quelques axes d'économies et de meilleure utilisation des ressources dans les hôpitaux. L'amorce, selon elle, d'une "révolution en douceur".

Cela commencera par "favoriser l'ambulatoire". "En chirurgie, par exemple, l'objectif est qu'en 2022, sept patients sur dix qui entrent à l'hôpital le matin en sortent le soir, contre cinq aujourd'hui", explique Agnès Buzyn. "Nous allons fermer les lits qui ne servent à rien ou les réorienter vers de nouveaux besoins" et "lutter contre les opérations inutiles ou les actes réalisés deux fois", dit-elle.

Elle estime que les hôpitaux pourraient en outre "économiser un milliard d'euros en mutualisant certaines dépenses, comme les achats de médicaments".

Lutte renforcée contre la fraude

Enfin, la ministre explique sa méthode pour réformer le financement des hôpitaux en créant des "modes de tarification centrés sur la pertinence des soins", par exemple en octroyant "un bonus, un intéressement dès lors qu'ils répondront aux objectifs de qualité, de pertinence et d'efficience".

Parallèlement, la ministre entend renforcer la lutte contre les fraudes à l'Assurance maladie. "Il faut cesser d'être laxiste avec ceux qui abusent d'un système généreux", affirme-t-elle, en pointant notamment la hausse des arrêts de travail. "Jusqu'à quand l'assurance-maladie palliera-t-elle les défaillances du management au travail ?", interpelle la ministre.

La Sécurité sociale "multiplie les contrôles en croisant les fichiers informatiques" et en 2016, la fraude détectée sur les cotisations et les prestations "s'est élevée à 1,2 milliards d'euros et le chiffre ne cesse de croître", précise-t-elle.

En 2017, le déficit cumulé du régime général et du Fonds de solidarité vieillesse doit atteindre 5,2 milliards d'euros. La branche maladie resterait déficitaire de 800 millions d'euros.

Le gouvernement "pas prêt" à étendre le tiers payant

Le tiers payant "fonctionne" pour les patients remboursés à 100% par l'Assurance maladie mais "nous ne sommes pas prêts techniquement à l'étendre", affirme Agnès Buzyn.

La loi Santé votée sous le quinquennat Hollande prévoyait la généralisation obligatoire de la dispense d'avance de frais au 30 novembre, mais Emmanuel Macron avait promis, lors de la campagne présidentielle, de l'étendre en laissant le choix aux médecins de l'appliquer.

Interrogée sur l'objectif qu'elle avait posé en août de rendre le tiers payant "généralisable", c'est à dire facultatif, "dans le courant de l'année 2018", Agnès Buzyn répond: "nous tiendrons l'engagement du Président de la République de rendre le tiers payant généralisable", sans confirmer ce calendrier.

Y.D. avec AFP