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Sapin: "Tsipras est un bon politique"

Michel Sapin était l'invité de BFMTV-RMC

Michel Sapin était l'invité de BFMTV-RMC - BFMTV

Michel Sapin était l'invité de BFM TV - RMC ce 15 juillet, il est revenu sur les propos d'Alexis Tsipras. Ce dernier a avoué l'accord avec les créanciers pour un troisième plan d'aide financière était un texte auquel "il ne croit pas".

Pour Michel Sapin, "Tsipras est un bon politique". Le ministre des Finances était l'invité de BFMTV-RMC ce 15 juillet et il est revenu sur les propos du premier ministre grec Alexis Tsipras. Ce dernier a avoué que l'accord avec les créanciers pour un troisième plan d'aide financière était un texte auquel "il ne croit pas", mais qu'il "a signé pour éviter le désastre au pays".

"J'assume mes responsabilités pour toute erreur que j'ai pu commettre, j'assume la responsabilité pour un texte auquel je ne crois pas mais je le signe pour éviter tout désastre au pays", a déclaré AlexisTsipras lors d'une interview à la télévision publique grecque Ert. "Quand un bateau est en difficulté, le pire pour le capitaine est de l'abandonner", a-t-il martelé en excluant des élections anticipées car "il n'a pas l'intention d'échapper à ses responsabilités".

Pour Michel Sapin, "il y a quelque chose de beau: Alexis Tsipras est resté ferme. Mais il a, aux contacts des réalités, assumé ces réalités. Il recherche quand la voix est étroite et difficile, l'intérêt général de son peuple. Il l'a prouvé en signant cet accord très difficile".

Et il précise que si l'accord est difficile, le gouvernement grec a accepté les réformes qui le composent. "Retraite, TVA, fiscalité, ces trois réformes, le ministre grec a dit 'qu'il y ait accord ou pas accord, je les ferais'. Elles ont été voulues par la Grèce".

Vote du Parlement

Mais la partie n'est pas encore jouée puisqu'il doit faire adopter mercredi par le Parlement grec les mesures impopulaires exigées par les créanciers. Certains des partisans du Premier ministre estiment que l'accord arraché au terme d'une nuit de négociations lundi matin à Bruxelles constitue une trahison de la volonté populaire exprimée dans les urnes le 5 juillet, quand 61% des Grecs ont dit "non" à l'austérité.

Le Parlement français aussi doit donner sa décision ce mercredi, mais ce vote est plus symbolique. "En droit constitutionnel, nous n'avons pas besoin d'un vote, explique Michel Sapin. En revanche, cela risque de poser problème en Allemagne et Finlande".

Allègement de la dette

Par ailleurs, Michel Sapin a rappelé que la France est sur la même ligne que le FMI sur la nécessité d'un allègement de la dette. "Le FMI dit la même chose que nous, qu'il faut aider la Grèce mais que nous ne le pourrons pas si nous maintenons, sur l'économie grecque, le même poids de la dette".

"Nous disons exactement la même chose depuis le début (...) nous disons 'la Grèce doit faire un effort, nous devons mettre de l'argent nouveau avec des garanties sur la bonne utilisation de cet argent et bien entendu il faudra parler du poids de la dette'." "C'est dans l'accord qui a été signé", indique le ministre français.

Mais le ministre français a immédiatement tenté de rassurer. "Ce n'est pas parce que vous repoussez un peu la date à laquelle vous allez payer les intérêts que vous avez perdu du capital. Nous aurions tout perdu si la Grèce était sortie de l'euro".

"De la gueule"

L'ex-ministre grec Yanis Varoufakis "a de la gueule" mais "n'est pas forcément un fin politique", a estimé mercredi le ministre français des Finances Michel Sapin. Michel Sapin était interrogé deux jours après la publication dans le magazine britannique New Statesman d'un entretien de Yanis Varoufakis, qui a révélé qu'il avait démissionné des Finances grecques faute d'avoir été soutenu quand il défendait une ligne dure vis-à-vis des créanciers d'Athènes. Dans cet entretien, le bouillant Varoufakis affirme que le groupe des ministres des Finances de la zone euro était totalement dominé par l'Allemand Wolfgang Schäuble. Il estime en outre que Michel Sapin, bien qu'étant le seul à émettre "une tonalité différente de la ligne allemande", finissait toujours par accepter la position allemande. "Je redirai, comme Alexis Tsipras: il a de la gueule, mais il n'est pas forcément un fin politique, ce Yanis Varoufakis", a déclaré M. Sapin au micro de RMC.

Et enfin, Michel Sapin admet que la situation est brutale pour la Grèce. "Ce que je trouve de presque injuste est que certains voudraient faire porter à Tispras, les conséquences de 5 ans ou 10 ans d'immobilisme. Lui a tenté de faire bouger les choses".

D. L.