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Sarkozy relance le débat sur la retraite des fonctionnaires

Le candidat Sarkozy veut rapprocher les règles des retraites du public et du privé

Le candidat Sarkozy veut rapprocher les règles des retraites du public et du privé - Jeff Pachaud-AFP

Nicolas Sarkozy ne compte pas faire la différence avec ses rivaux qu'avec le choc fiscal. Il veut aussi frapper un grand coup avec les fonctionnaires en calculant leur retraite comme celle des salariés. Une vraie bombe à retardement.

Nicolas Sarkozy a les fonctionnaires dans le viseur. Le candidat à la primaire de l'opposition veut frapper fort sur la réforme de la fonction publique. Plus fort en tout cas que ses challengers de droite.

Son programme prévoit la suppression de 300.000 postes durant le quinquennat, l'augmentation de la durée du travail à 37 heures, le rétablissement des jours de carence supprimés par la gauche, la mise en place de contrat de travail à la place du statut pour certaines fonctions. Mais surtout, l'alignement des régimes de retraites du public et du privé, en d’autres termes un alignement sur celui des salariés.

25 ans de carrière contre 6 derniers mois d'activité

Certes, avec les différentes réformes des retraites engagées depuis 2002, l’âge de départ des fonctionnaires de même que leur durée de cotisation sont désormais voisines de celles des salariés du privé.

Mais il reste une grande différence. Les retraites du privé sont calculées sur les 25 meilleurs années quand celles des fonctionnaires sont basées sur les 6 derniers mois. Ce qui est nettement plus intéressant! Et comme par hasard, pour booster leurs retraites, les fonctionnaires obtiennent des promotions dans les 6 derniers mois qui précèdent leur départ.

Si Sarkozy va au bout de son idée, il faudra calculer la pension des agents publics sur leurs 25 meilleures années mais en intégrant en contrepartie leurs primes dans leurs pensions, ce qui n’est pas le cas actuellement.

Le problème, c’est que Nicolas Sarkozy n’a pas précisé si cet alignement concernera seulement les nouveaux entrants dans la fonction publique ou tous les fonctionnaires. Si c’est ça, on peut s’attendre à une belle levée de boucliers syndicaux.

Et les régimes spéciaux? 

Il y a aussi les fameux régimes spéciaux, d’EDF, de la SNCF ou de la Ratp. Sur ce sujet tout aussi sensible, Nicolas Sarkozy s'est contenté d'affirmer qu’il voulait les réformer mais en restant plus flou. Il faut dire que son bilan de 2007 à 2012 n’est pas exceptionnel.

Lorsqu'il était aux manettes du pays, l'ex-chef de l'État a bien fait voter une réforme de ces régimes mais en consentant tellement d’avantage annexes aux intéressés que les régimes spéciaux coûtent presque aussi cher qu’avant. Chaque année par exemple, le contribuable met 3 milliards d'euros au pot pour équilibrer le seul régime de retraite de la SNCF.

Hollande en embuscade

Mais finalement, cette volonté de Nicolas Sarkozy de s’attaquer aux fonctionnaires va faire les affaires de François Hollande qui pourra s’il est candidat se présenter comme le défenseur naturel des fonctionnaires.

Il pourra rappeler qu’ils vont bénéficier de hausse de traitement après 6 années de gel et d’une vaste réforme des carrières qui va coûter à terme 5 milliards par an, selon la Cour des comptes. Hollande pourra aussi se targuer que le nombre de fonctionnaires va repartir à la hausse en 2017, après avoir diminué jusqu'en 2015. Et que l’exécutif n’a pas voulu toucher aux 35 heures dans la fonction publique. Des arguments pour convaincre les fonctionnaires de bien voter l’an prochain.

P.C