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Economie et Social

SNCF: les négociations sont au point mort entre les syndicats et l'exécutif

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Le Premier ministre, Édouard Philippe, recevait ce lundi les syndicats de cheminots et la direction de la SNCF. À l'issue de ces rencontres bilatérales les différentes parties campent sur leurs positions. Et la grève continue.

Édouard Philippe a tenté de reprendre la main dans le dossier opposant les cheminots au gouvernement. À la veille de la huitième séquence de grève des agents de la SNCF, le Premier ministre a reçu ce lundi, tour à tour, des délégations Unsa, CGT, CFDT, SUD-Solidaires et FO, accompagnées de leurs responsables confédéraux. 

Dans une courte allocution, le chef du gouvernement a dit vouloir allier "ouverture et fermeté" vis-à-vis des syndicats de cheminots qui mènent une grève par épisodes, deux jours sur cinq, depuis début avril. Cependant, Édouard Philippe "ne reviendra pas" sur les trois grands principes de la réforme ferroviaire que sont "l'ouverture à la concurrence, la fin du recrutement au statut de cheminot et la transformation de la SNCF". 

"Cela ne veut pas dire qu'il n'y a plus rien à discuter", a relevé le Premier ministre, qui note que son texte "peut encore être finalisé". "J'ai invité les organisations syndicales à poursuivre le dialogue avec le gouvernement", a-t-il indiqué. De nouveaux rendez-vous auront lieu le 24 mai prochain. 

Les syndicats insatisfaits de leurs rendez-vous... 

Du côté des syndicats, ces rencontres bilatérales n'ont pas eu l'effet escompté. Les représentants des cheminots ont dénoncé, une nouvelle fois, "l'absence de dialogue" opposée par le chef du gouvernement. 

Pour la CGT-Cheminots, premier syndicat de la SNCF, "la grève continue", a lancé Laurent Brun. "On ressort motivés pour continuer, puisque le Premier ministre n'a pas dit autre chose que ce qu'il avait dit avant qu'on rentre", a résumé Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT. 

"Toutes les réponses qui nous sont soumises ne sont pas de nature à arrêter la grève", alors que SUD-Rail (3e) était "venu demander un autre pacte ferroviaire", a expliqué son porte-parole Erik Meyer, tenté de croire que "le gouvernement joue le pourrissement" du conflit.

Le nouveau secrétaire général de Force Ouvrière (FO), Pascal Pavageau, a accusé le gouvernement de "déprotéger" les cheminots, qui "vont se retrouver dans des conditions dégradées, transférés dans des entreprises qui vont appliquer un moindre coût salarial" après l'ouverture à la concurrence. FO, 5ème syndicat, n'est pas représentatif dans l'entreprise mais dans la branche ferroviaire.

... sauf l'Unsa et la CFDT 

Comme les autres organisations syndicales, la CFDT va poursuivre la grève. Mais ses représentants ont vu un Premier ministre "prêt à ouvrir des discussions", notamment sur le nouveau cadre social des cheminots. Aussi, le syndicat déposera "une quarantaine d'amendements" en vue de l'examen du projet au Sénat. Une action déjà effectuée en amont de l'adoption de la réforme par l'Assemblée nationale. 

"Aujourd'hui, je pense qu'on a été entendus en termes de méthode et de dialogue social. Les 15 jours à venir vont être primordiaux", a estimé Roger Dillenseger, secrétaire général de l'Unsa ferroviaire. Concernant la convention collective nationale du secteur ferroviaire "on a obtenu de prioriser les travaux et peut-être de dépasser le 1er janvier 2020", date de lancement de la réforme et de la fin des embauches au statut de cheminots à la SNCF a précisé le syndicat. 

Cela reste "une affaire à suivre", a résumé Luc Bérille, le secrétaire général de l'Unsa, car il n'y a "pas de garanties suffisamment précises". 

Antonin Moriscot avec AFP