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SNCF: Mécontents d'une réunion avec Elisabeth Borne, les syndicats annoncent la poursuite de la grève

A la sortie d'une réunion avec la ministre des Transports Elisabeth Borne ce jeudi soir à Paris, les leaders des organisations syndicales de cheminots se sont emportés contre l'attitude du gouvernement. Estimant n'avoir pas été entendus, ils annoncent la poursuite de la grève, Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots, en tête.

La réunion, qui portait entre autres sur l'organisation de la SNCF et la question de la dette de la compagnie ferroviaire, entre la ministre des Transports et les syndicats de cheminots à Paris, a duré plus de six heures avant de prendre fin ce jeudi soir.

Le rendez-vous s'est clos sur un consensus parmi les leaders syndicaux: la rencontre a été vaine et la grève se poursuit. C'est d'abord Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-Cheminots, qui s'est présenté face aux micros. "Nous avons été confrontés à un gouvernement qui joue la montre, en brodant pendant toute la réunion sur un certain nombre de constats que nous connaissons par cœur. Ça a été une réunion pénible et inutile", a-t-il déclaré. 

Une "véritable mascarade", selon la CGT

Il a notamment reproché à l'exécutif de ne pas s'être avancé sur la question cardinale de la dette: "Sur la dette et le financement, le gouvernement ne fait aucune annonce. Le statu quo contribuera à l’accroissement de la dette de dix milliards d’ici à la fin du quinquennat mais c’est pour le moment l’orientation du gouvernement." Laurent Brun a alors lancé:

"Nous sommes donc fondés à dire que cette réunion était une véritable mascarade dans laquelle la ministre s’est contentée de critiquer les propositions des organisations syndicales, sans apporter elle-même de contenu. Nous sommes extrêmement déçus de cette réunion et extrêmement mécontents que les revendications des cheminots n’aient pas été entendues."

Après avoir dressé ce tableau peu flatteur des discussions, il a posé: "Ça nous confirme que le rapport de force est nécessaire face à un gouvernement qui ne veut rien entendre et dont le projet a un contenu extrêmement faible. La grève se poursuit."

"Il faut renforcer le mouvement", affirme Sud-Rail 

Eric Santinelli, de Sud-Rail, s'est aussi avancé très déterminé:

"Le gouvernement n’a pas entendu les organisations syndicales. Il n’a pas entendu davantage les grévistes. Il est clair que deux jours de grève, ça ne suffit pas pour le faire plier. Aujourd’hui, le gouvernement nous annonce que non seulement les cheminots perdront leur statut mais aussi qu’il va mettre en place une holding SNCF avec trois société anonymes. On est donc dans un schéma totalement libéral qui fait que demain la société publique va disparaître."

Conclusion: "Pour nous, c’est clair : il va falloir renforcer, amplifier le mouvement. (…) La responsabilité est du côté du gouvernement. Il faut durcir le mouvement." Quant à la forme à adopter pour les futures cortèges, Eric Santinelli ne tranche pas encore: "Il faut que les cheminots se posent la question du niveau de mobilisation pour qu’il y ait réellement des négociations."

"Le mouvement risque de se durcir", déplore l'UNSA

S'oriente-t-on alors vers une grève continue? Ce n'est pas l'avis de Roger Dillenseger cependant, secrétaire général de l'UNSA Ferroviaire. "A l’heure qu’il est, on reste sur les mêmes modalités de grève. On reste sur une grève deux jours par deux jours", a-t-il dit à sa sortie. 

Toutefois, son analyse de la situation après cette réunion infructueuse ressemble à celle de son homologue de Sud-Rail: "Le gouvernement avance à marche forcée pour tenter de nous asphyxier mais en l’occurrence il n’y a aucune avancée concrète. (…) On est dans une situation qui risque de se durcir."

"Nous sommes partis pour un conflit qui risque de durer", signale la CFDT

Et si le gouvernement attendait de la CFDT une note différente, il en est pour ses frais ce jeudi soir. Didier Aubert, secrétaire général de l'organisation en ce qui concerne les cheminots, a analysé: "Le gouvernement n’a pas pris la mesure du mécontentement des cheminots et clairement aujourd’hui, ce n’est pas possible, on n’avance en rien sur les sujets." 

Il a lui aussi regretté ce qu'il a décrit comme un manque de répondant de l'exécutif: "Nous n’avons pas de position aujourd’hui du gouvernement sur nos propositions d’amendements." Il a, par conséquent, lui aussi expliqué que la grève allait perdurer: "Nous sommes partis pour un conflit qui risque de durer si le gouvernement ne revoit pas sa méthode."

Robin Verner