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La suppression de mesures de relance fait débat en France

L'opposition accuse le gouvernement de faire payer le déficit des finances publiques par les plus pauvres, au lendemain de l'annonce de la suppression de certaines mesures anticrise, une stratégie défendue par la majorité présidentielle. /Photo d'archives

L'opposition accuse le gouvernement de faire payer le déficit des finances publiques par les plus pauvres, au lendemain de l'annonce de la suppression de certaines mesures anticrise, une stratégie défendue par la majorité présidentielle. /Photo d'archives - -

Le gouvernement supprime des mesures anticrise. L'opposition l'accuse de faire financer le déficit des finances publiques par les plus pauvres. Donnez votre avis dans ce forum !

PARIS (Reuters) - Le bouclier fiscal, mesure phare du début du quinquennat du président Nicolas Sarkozy, a été la cible mardi de nouveaux assauts au lendemain de l'annonce de la suppression de mesures sociales anticrise.

L'opposition de gauche accuse le gouvernement de faire financer les déficits publics par les Français les plus pauvres.

Mais des voix de plus en plus nombreuses critiquent aussi, y compris dans le camp du chef de l'Etat, le "bouclier fiscal" qui limite la totalité des impôts directs payés à 50% des revenus, un outil perçu comme un cadeau aux ménages les plus aisés.

Lors d'une réunion avec les partenaires sociaux destinée à faire le bilan des mesures prises l'an dernier pour atténuer les effets de la crise, Nicolas Sarkozy a annoncé le maintien de la plupart de celles qui avaient pour but de soutenir l'emploi.

Tout en réfutant le mot austérité, il a en revanche annoncé la suppression de 2,5 milliards d'euros d'exonérations ou d'allocations exceptionnelles accordées en 2009 à 10 millions de ménages modestes pour soutenir leur pouvoir d'achat.

Il s'agissait notamment de l'exonération de deux tiers de l'impôt sur le revenu accordée à 5,5 millions de foyers, d'une prime de 150 euros pour les familles bénéficiant de l'allocation de rentrée scolaire, de bons d'achat de services à la personne et d'une "prime de solidarité active" de 200 euros.

Le président a justifié ces suppressions par la bonne tenue de la consommation, et par le risque que la prolongation de ces mesures ferait courir à la compétitivité de la France, à l'heure où celle-ci droit en outre redresser ses finances.

Le secrétaire d'Etat à l'Emploi, Laurent Wauquiez a expliqué que ces mesures n'avaient pas vocation à devenir permanentes et qu'il fallait désormais favoriser la réduction des déficits.

LE PS DEMANDE LA SUPPRESSION DU BOUCLIER

"Si tous nos dispositifs exceptionnels (...) sont prolongés en 2010, puis en 2011, puis en 2012, ce vers quoi on s'achemine, ce n'est pas une politique de rigueur, c'est une politique de déficit récurrent", a dit Laurent Wauquiez sur I>télé.

L'ancienne candidate socialiste à la présidentielle, Ségolène Royal, a prié l'Elysée de maintenir ces dispositifs.

"Les ressources fiscales et les économies que recherche le gouvernement pour boucher un déficit énorme, qu'il a lui-même creusé, ne doivent pas être trouvées sur le dos des plus pauvres mais chez les plus fortunés", estime-t-elle.

Elle demande la suppression du bouclier fiscal et la lutte contre l'évasion fiscale.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, a dénoncé une politique qui "marche sur la tête", injuste est inefficace.

"Aujourd'hui, le plan du gouvernement c'est : on diminue les dépenses sociales et on ne touche en rien aux recettes. Nous pensons qu'il faut agir sur les deux", a déclaré Martine Aubry à l'issue d'une entrevue avec le Premier ministre à Matignon.

LELLOUCHE ET MINC POUR UNE CONTRIBUTION DES RICHES

Elle propose de taxer les bénéfices des banques pour financer des aides aux chômeurs en fin de droit, une prime de 200 euros pour 16 millions de ménages modestes, un programme d'emplois des jeunes et la suppression du bouclier fiscal.

Une remise en cause qui n'est plus, depuis quelques mois, le fait de la seule opposition.

Le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, a ainsi plaidé lundi soir sur France 2, à titre personnel, pour une remise en cause partielle afin de faire contribuer "les hauts revenus" à la réforme des retraites.

Alain Minc, conseiller officieux de Nicolas Sarkozy, a pour sa part suggéré mardi sur Europe 1 "un prélèvement temporaire" sur les riches, également pour participer au financement des retraites, tout en gardant "l'idée" du bouclier fiscal.

Jean-François Copé, président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, a estimé que "l'idée est que le bouclier fiscal est un marqueur important de notre politique depuis 2005".

"Néanmoins, s'il devait y avoir un effort demandé à l'ensemble de la Nation pour le financement d'un sujet donné ce serait normal que personne n'y échappe, que personne n'en soit exonéré", a-t-il dit lors d'un point de presse.

Pour Jean-Marc Ayrault, président groupe PS à l'Assemblée, ces propos signifient "qu'au sein même de la droite il y a un malaise et que l'indéfendable ne peut plus être défendu".

Nicolas Sarkozy s'est borné lundi à annoncer un effort financier des hauts revenus et des revenus du capital.

Thierry Lévêque et Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse

REUTERS