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Finances publiques

Les sureffectifs de la Banque de France sur la sellette

Une grève nationale va frapper les établissements de la Banque de France vendredi 21 septembre.

Une grève nationale va frapper les établissements de la Banque de France vendredi 21 septembre. - -

Pour dénoncer un plan de restructuration qui prévoit une réduction du nombre de succursales et de personnels, les syndicats de la Banque de France ont lancé un appel à la grève vendredi 21 septembre. La Cour des comptes, elle, dénonce un sureffectif.

La Banque de France veut moderniser son réseau. Vendredi 21 septembre, le projet "construisons la banque de 2020" sera présenté au comité central d’entreprise. Une réorganisation qui n’est pas du goût des syndicats, qui lancent un appel à une grève nationale le même jour. Ils s’élèvent contre les 1700 à 2100 suppressions de postes et les fermetures en région.

Pourtant, il y a bien longtemps que le fonctionnement trop coûteux de la Banque de France est pointé du doigt. Ses missions ont été revues à la baisse puisque depuis le passage à l’Euro, une partie d'entre elles est désormais entre les mains de la Banque centrale européenne. Mais ses effectifs, eux, sont restés quasi constants.

5% des postes en sureffectif

Ainsi un rapport de la Cour des comptes révèle, qu’en 2000, la Banque emploie à elle seule plus de personnels que chacune des 16 autres banques centrales de la zone euro. Sur les 31 succursales qui ont fait l’objet d’un examen, elle estime que le sureffectif global est de 5% et peut atteindre localement jusqu’à 25% des postes.

En 2005, la Cour des comptes met en perspective les 15 000 employés de la Banque de France, alors que pour les mêmes fonctions principales la Banque d’Angleterre en employait 3000 et la Banque du Canada 1700.

Des mesures ont été prises pour réduire les effectifs, notamment au travers de plans sociaux et de départs en retraite non remplacés, qui ont permis d’assurer le respect de la règle de la baisse de 1% par an, fixé par le gouverneur.

Des statuts très protecteurs

Mais ces efforts pour réduire le coût de la masse salariale ont été réduit à néant, car de 2004 à 2010, le salaire moyen augmentait de 8,36%, trois points de plus que dans la fonction publique.

Et c’est une autre dérive pointée par la Cour des comptes: les employés de la Banque de France bénéficient de statuts "très protecteurs et d’une organisation complexe et onéreuse du dialogue social". La Cour des comptes note que les Comités d’établissement et le Comité central d’entreprises perçoivent des moyens en locaux, équipement personnel et fonds qui représentent 1,84% de la masse salariale de 2002, soit largement plus que le seuil légal de 0,2%. Modération des augmentations de salaires, baisses des dépenses sociales et culturelles sont donc préconisées par la Cour.

Un discours qui ne fait évidemment pas sens aux yeux des syndicats. "Cette réforme est inhumaine", estime Laurent Quinet, secrétaire (CFE-CGC) du CCE. Il souligne "les pertes de repères", des charges de travail plus importantes, et "le grave danger lié aux risques psychosociaux dans les succursales".

L'intersyndicale a par ailleurs remis à la direction, en avril dernier, un "contre-projet" misant sur une Banque plus présente auprès des acteurs sociaux et économiques et "associée plus étroitement au suivi de l'économie des territoires et des bassins d'emploi".

BFMbusiness.com et AFP