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Les syndicats attendent Woerth au tournant sur les retraites

Eric Woerth (à droite) lors de la passation de pouvoir avec François Baroin, qui lui succède au ministère du Budget. Les syndicats ont accueilli avec scepticisme la nomination d'Eric Woerth au ministère du Travail, le mettant en garde contre une réforme c

Eric Woerth (à droite) lors de la passation de pouvoir avec François Baroin, qui lui succède au ministère du Budget. Les syndicats ont accueilli avec scepticisme la nomination d'Eric Woerth au ministère du Travail, le mettant en garde contre une réforme c - -

PARIS - Les syndicats français ont accueilli mardi avec scepticisme la nomination d'Eric Woerth au ministère du Travail, le mettant en garde contre...

PARIS (Reuters) - Les syndicats français ont accueilli mardi avec scepticisme la nomination d'Eric Woerth au ministère du Travail, le mettant en garde contre une réforme comptable du système de retraites.

Eric Woerth a été promu du ministère du Budget à celui du Travail lundi, en remplacement de Xavier Darcos, lors du mini-remaniement ministériel décidé par Nicolas Sarkozy après la défaite de la droite aux élections régionales de dimanche.

Pour réformer les retraites, chantier présidentiel prioritaire en 2010, "j'espère que nous aurons un ministre et non des ordinateurs de Bercy comme interlocuteur", a prévenu le dirigeant de la CGT, Bernard Thibault, sur Europe 1.

Le leader de Force ouvrière, Jean-Claude Mailly, craint quant à lui que cette nomination ne soit un mauvais signe.

Eric Woerth est "réputé pour être rigoureux et même rigoriste (...) et il y a un Premier ministre lui aussi rigoriste, ça fait un couple rigoriste pour suivre le dossier des retraites, donc ce n'est pas obligatoirement bon signe", a-t-il dit sur LCI.

François Chérèque, numéro un de la CFDT, a également adressé une mise en garde à Eric Woerth qui, lors de ses premières déclarations sur les retraites, a promis mardi une réforme "protectrice" pour les Français.

"Aucune réforme ne sera acceptable pour les Français si ce n'est pas une réforme marquée du sceau de l'équité", a dit le nouveau ministre du Travail en marge de sa passation de pouvoir avec François Baroin, qui lui succède au ministère du Budget.

On ne peut pas réformer uniquement en fonction d'objectif financiers, a prévenu François Chérèque. "

Si le nouveau ministre "ne tient pas compte des éléments d'égalité, ça augure de lendemains difficiles", a dit le dirigeant syndical sur France 2. "Il faut d'abord réduire les inégalités".

Si le système "n'évolue pas vers plus de justice sociale, ce sera une nouvelle fois une perte de confiance envers le politique et il y aura du sport au niveau social", a ajouté François Chérèque.

"CLASH"

Sur le fond, FO se battra pour "conserver le droit au départ à la retraite à 60 ans" et juge "absurde" de demander aux salariés de travailler plus longtemps parce que l'espérance de vie rallonge en France.

"Si on suit cette logique, elle devient absurde, les femmes vivant plus longtemps il faudrait qu'elles travaillent plus longtemps", a fait valoir Jean-Claude Mailly sur LCI.

Si le gouvernement dit qu'il "n'y a pas d'autre choix que de bosser plus longtemps (...) ça va être le clash", a-t-il prédit.

Bernard Thibault, qui craint une "radicalisation du gouvernement" sur ce dossier des retraites, a jugé que la réforme à venir s'annonçait "très compliquée compte tenu de l'approche qui semble dominer dans la majorité parlementaire".

"On ne peut pas faire abstraction de la réalité de ce que vivent les salariés au travail aujourd'hui, le chômage des jeunes, le chômage des seniors, l'absence de reconnaissance de la pénibilité", a-t-il estimé.

Tous trois ont déploré la "valse" des ministres du Travail depuis 2007. Eric Woerth a remplacé lundi Xavier Darcos, sévèrement battu aux régionales en Aquitaine, qui avait été précédé de Brice Hortefeux et de Xavier Bertrand.

Quatre ministres en trois ans, "pour un président de la République qui avait fait de la valeur travail sa priorité des priorités, j'ai l'impression qu'il néglige un petit peu le travail", a déploré François Chérèque. "Ce n'est pas bon quand il n'y a pas de stabilité dans les politiques".

Pour Bernard Thibault, "un remaniement c'est une affaire de microcosme politique qui n'intéresse pas grand monde sauf les principaux intéressés".

"Ce qui est attendu, c'est un changement de cap politique".

Laure Bretton, édité par Yves Clarisse