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Les syndicats espèrent un million de manifestants

Manifestation contre la réforme des retraites à Nantes. /Photo prise le 27 mai 2010/ REUTERS/Stéphane Mahe

Manifestation contre la réforme des retraites à Nantes. /Photo prise le 27 mai 2010/ REUTERS/Stéphane Mahe - -

PARIS - Les principaux leaders syndicaux ont fait état jeudi d'une mobilisation plus importante que le 23 mars dernier lors de la journée d'action...

PARIS (Reuters) - Les manifestations fournies jeudi en France ont redonné du tonus aux syndicats qui espèrent pouvoir monter en puissance si le gouvernement persiste à vouloir enterrer la retraite à 60 ans.

Les arrêts de travail ont cependant peu perturbé les transports tandis que la grève semblait très moyennement, voire faiblement suivie dans l'Education nationale et la Fonction publique, selon les estimations ministérielles.

Mais l'intersyndicale (CGT, CFDT, CFTC, Solidaires, Unsa et FSU), qui avait pour objectif de dépasser la mobilisation du 23 mars dernier, estime avoir réussi son test en approchant le million de manifestants, contre 800.000 il y a deux mois.

A Paris, la CGT revendiquait 90.000 manifestants. La préfecture de police avançait le chiffre de 22.000.

"Cette journée était importante et elle est réussie", a déclaré le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault, à la presse, soulignant que les organisations avaient "besoin de cette séquence" pour repartir de l'avant.

"La question en suspens, c'est maintenant de savoir si on va dépasser le million de manifestants, ce n'est pas du tout impossible", a-t-il ajouté au départ du cortège parisien.

François Chérèque, le leader de la CFDT, a également estimé que le million de manifestants serait "atteint ou dépassé".

Les syndicats misent sur la confirmation par le ministre du Travail, Eric Woerth, du report de l'âge légal de départ à la retraite au-delà de 60 ans pour remobiliser les salariés, qui leur ont fait faux bond lors des défilés du 1er Mai.

"UNE MANIFESTATION NE SUFFIRA PAS"

Ils s'appuient également sur les sondages. Une majorité de Français (62%) se disent "prêts à manifester" pour défendre le maintien de l'âge légal de la retraite à 60 ans, selon un sondage CSA pour Le Parisien-Aujourd'hui en France.

"A ce stade, il n'y a plus que le rapport de force dans la rue pour défendre la retraite à 60 ans et les acquis sociaux auxquels Nicolas Sarkozy s'attaque méthodiquement", a répété Bernard Thibault.

C'est la raison pour laquelle d'autres journées de mobilisation devraient suivre d'ici l'été, ont dit les leaders syndicaux, qui en débattront la semaine prochaine.

"Si le gouvernement persiste, nous prendrons d'autres initiatives", a souligné Bernard Thibault, faisant écho à François Chérèque pour qui "ce n'est pas une manifestation qui suffira".

La mobilisation pourrait être amoindrie à terme par le fait que les régimes spéciaux de retraite, déjà réformés en 2007, ne seront pas touchés dans un premier temps.

Cette décision du gouvernement, relayée par la direction de l'entreprise publique auprès de ses agents, explique sans doute la faiblesse du mouvement de grève à la SNCF, qui est traditionnellement l'un des leviers sur lesquels comptent les syndicats dans leur bras de fer avec le pouvoir exécutif.

TRANSPORTS PEU PERTURBÉS

Les leaders de gauche, très mobilisés eux aussi contre le projet du gouvernement, se sont tous donné rendez-vous dans la rue, de Jean-Luc Mélenchon, président du Parti de gauche, à Paris, au premier secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, à Lille, ville dont elle est maire.

Dans son contre-projet de réforme, le PS prône le maintien de l'âge légal à 60 ans, acte l'allongement de la durée de cotisation à l'horizon 2020 et veut taxer lourdement les revenus du capital pour financer les régimes de retraite.

Lors des premiers défilés dans la matinée, la mobilisation était égale ou supérieure à celle du 23 mars, avec 12.000 à 20.000 manifestants à Rouen (contre 10.000 à 15.000) ou 4.900 à Nice, selon la police, contre 4.200 le mois dernier.

A Marseille, 80.000 personnes ont manifesté selon les syndicats, 12.000 selon la police. Fin mars, la fourchette y était de 12.000-50.000.

A Bordeaux, environ 6.500 personnes selon la police, 40.000 selon la CGT, ont défilé dans les rues, contre respectivement 8.000 et 30.000 il y a deux mois. Même situation à Rennes, où ont été dénombrés 6.500 à 17.000 personnes, contre 5.500 manifestants à 10.000 le 23 mars.

Dans l'Education nationale, le taux de grévistes était jeudi de 16% dans le primaire et de 12,3% dans le second degré, a annoncé le ministère dans un communiqué. Pour toute la fonction publique, le taux était de 11,6%.

Les transports ont été peu perturbés. Compte tenu des préavis de grève dans le secteur aérien, les compagnies aériennes ont dû réduire leur trafic dans la matinée de 30% à l'aéroport d'Orly et 10% à celui de Roissy.

Clément Guillou et Gérard Bon, édité par Gilles Trequesser