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La tempête Xynthia sème mort et désolation en France

Policier dans un quartier inondé de La Rochelle. La tempête Xynthia a fait au moins 40 morts en France, dont 29 dans le seul département de la Vendée. /Photo prise le 28 février 2010/REUTERS/Régis Duvignau

Policier dans un quartier inondé de La Rochelle. La tempête Xynthia a fait au moins 40 morts en France, dont 29 dans le seul département de la Vendée. /Photo prise le 28 février 2010/REUTERS/Régis Duvignau - -

par Guillaume Frouin et Claude Canellas NANTES - La tempête Xynthia a causé la mort d'au moins 40 personnes et provoqué de très importants dégâts...

par Guillaume Frouin et Claude Canellas

NANTES (Reuters) - La tempête Xynthia a causé la mort d'au moins 40 personnes et provoqué de très importants dégâts matériels en balayant la France d'Ouest en Est samedi et dimanche, ses vents violents se combinant à de fortes marées.

La Sécurité civile faisait également état dimanche soir de plusieurs disparus et d'une soixantaine de blessés dans la pire tempête qui ait affecté la France, surtout sur sa façade Atlantique, depuis celle de 1999, qui avait fait 92 morts.

Le département de la Vendée, où la rupture d'une digue a accentué les dégâts, est le plus durement touché: les secours y ont retrouvé au moins 29 personnes décédées, essentiellement par noyade, en raison de la montée rapide des eaux.

"C'est un bilan susceptible de s'aggraver lourdement encore", a déclaré à Reuters le directeur de cabinet du préfet de Vendée, Frédéric Rose. "Gendarmes et policiers font actuellement le tour des habitations inondées en porte-à-porte, et certains de leurs occupants ont été retrouvés noyés".

Le phénomène a été aggravé par de très forts coefficients de marée annoncés de samedi soir à jeudi matin.

Nicolas Sarkozy, qui se rendra lundi en Vendée et en Charente-Maritime, a présenté ses condoléances aux familles des victimes de la tempête, promettant aux départements touchés des mesures de "solidarité nationale" dans les meilleurs délais.

Le président de la République a aussi demandé au ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, de se rendre sur place lundi "pour évaluer les dommages subis et commencer à préciser les mesures de soutien à mettre en place", selon un communiqué de l'Elysée.

Le Premier ministre François Fillon devait faire le point sur les dégâts en fin de journée dimanche à Matignon.

"L'OCÉAN EST ENTRÉ DANS LES TERRES"

Selon ErDF, la filiale de distribution d'électricité d'EDF, près d'un million de foyers étaient privés d'électricité dimanche midi sur tout le territoire.

Le PDG d'EDF, Henri Proglio, s'est rendu dimanche dans un centre ErDF pour faire le point avec les équipes et leur a demandé de rester mobilisées pour que la situation revienne à la normale, ce qui prendra selon lui "quelques jours".

La tempête a également perturbé les transports.

Des arbres tombés sur les voies et les caténaires ont provoqué d'importants retards sur le réseau TGV vers l'Ouest.

Plus d'une centaine de vols ont été annulés à Roissy-Charles-de-Gaulle. Selon Aéroports de Paris, 63% des vols au départ de Roissy ont subi des retards moyens de 79 minutes.

La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a annoncé que "des forces de sécurité civile (avaient) été mobilisées par le ministère de l'Intérieur pour soutenir les efforts des pompiers en particulier dans les départements du littoral".

Rescapés et témoins de la tempête samedi soir ont évoqué des "mini-raz-de-marée" sur le littoral, certains, sous le choc, parlant même de "tsunami".

"Il y a de véritables scènes de désolation. Personnellement, je n'avais jamais vu ça", a raconté à Reuters Bernard Alliot, adjoint au maire d'une petite commune de Loire-Atlantique où deux personnes âgées ont été retrouvées noyées après avoir voulu s'enfuir de leur camping-car.

D'un coup, "c'était comme si nous étions sur une île", a expliqué un restaurateur de Loire-Atlantique qui a passé une partie de la nuit réfugié sur le toit de son établissement.

Le secrétaire d'Etat aux Transports, Dominique Bussereau, élu de Charente-Maritime, a survolé dimanche son département en hélicoptère avec le préfet local.

"L'océan est entré dans les terres. J'habite dans ce département depuis plus de trente ans et, même en 1999, on n'avait jamais vécu des phénomènes de telle nature", a-t-il déclaré sur France Info.

LA TEMPÊTE QUITTE LA FRANCE

Après l'ouest de la France, Xynthia a frappé dimanche l'Ile-de-France et le nord-est du pays avant de poursuivre sa route vers la Belgique, le Luxembourg et l'Allemagne.

Selon Météo France, il s'agit d'une "tempête d'une ampleur et d'une intensité peu communes" mais elle devrait cependant "être moins forte que celle de décembre 1999".

Des rafales de vent allant jusqu'à 160 km/h ont été enregistrées samedi sur le littoral et 120 à 125 km/h à l'intérieur des terres.

Sur Europe 1, Christine Lagarde a estimé qu'il fallait attendre "que la tempête soit passée" pour prendre un arrêté de catastrophe naturelle, qui détermine l'intervention des assureurs pour les inondations.

Les dégâts causés par le vent et la pluie aux habitations ou aux véhicules sont couverts par les polices classiques, a assuré le Fédération française des sociétés d'assurance.

Dans un communiqué, Christine Lagarde appelle les assureurs à une "mobilisation exemplaire afin d'accélérer les procédures d'indemnisation et de réparation, et afin de permettre l'envoi dès que possible d'experts dans les zones concernées afin d'évaluer les dégâts".

Avec Laure Bretton, édité par Yves Clarisse