BFM Business
Finances publiques

Toucher 500 à 1.000 € par mois sans travailler, les Français sont contre

Même sans accroître les dépenses publiques, le revenu universel est jugé très négativement par les Français.

Même sans accroître les dépenses publiques, le revenu universel est jugé très négativement par les Français. - Montage BFMBusiness. Photos: Graphic Book Pexels CC et Usin Wikimedia Commons - CC

Le revenu universel est une mesure largement rejetée parce que les Français sont persuadés que leurs concitoyens chercheraient à en profiter.

C'est une idée qui dépasse les clans et les partis. Le concept d'un revenu universel est en effet défendu tant par les écologistes ou Benoit Hamon à gauche que par Nathalie Kosciusko-Morizet ou Jean-Frédéric Poisson, tous deux candidats à la primaire de la droite et du centre. Du côté des économistes, on retrouve quelques sommités parmi les partisans du revenu universel comme Milton Friedman, prix Nobel d'économie en 1976, qui y voyait un moyen de mettre fin aux "trappes à pauvreté".

Si les partisans sont, on le voit, nombreux, qu'en pensent les Français? Étonnamment, ils sont contre. Et pas qu'un peu. Selon un sondage réalisé par Odoxa pour BFM Business, Challenges et Aviva, le revenu universel est une idée largement réprouvée en France. Même dans un scénario où la mesure ne ferait pas augmenter la dépense publique, les Français jugent que le revenu universel serait d'un "coût exorbitant pour la société" (62%). Une telle mesure créerait selon eux une société d'assistés (64%) et ne serait ni juste (62%), ni réaliste (67%) ni même "bonne" (59%). 

L'institut Odoxa a interrogé les Français sur les propositions de revenu universel formulées par la droite. Il s'agirait d'une mesure qui consisterait à attribuer à tous les Français et sans conditions de ressources ni obligation de travailler un revenu compris entre 500 et 1.000 euros par mois. Mais pour les candidats de droite comme Nathalie Kosciusko-Morizet qui la portent, cette proposition n'occasionnerait pas de dépenses supérieures de l'État puisqu'elle s'accompagnerait d'une remise à plat de toutes les autres mesures de solidarité existantes. 

Une société d'assistés dans laquelle le travail n'aurait plus aucune valeur: voilà en substance comment les Français jugent ce projet qu'ils considèrent d'ailleurs plus comme une mesure de gauche (60% l'estiment) que de droite (pour à peine 20% d'entre eux). En effet, 64% des Français sont persuadés qu'il "inciterait les Français à ne plus travailler et à se contenter de leur revenu universel". Pourtant, paradoxalement, lorsqu'on leur demande s'ils en profiteraient pour ne plus travailler, 85% des Français interrogés affirment qu'ils continueraient tout de même "pour gagner plus d'argent". "C'est donc probablement parce qu'ils se méprennent sur les comportements de leurs concitoyens que les Français sont si hostiles au principe du revenu universel", analyse Gaël Sliman, président d'Odoxa. Changer la perception que les Français ont de leurs concitoyens, la tâche des partisans du revenu universel semble ardue.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco