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Un relèvement "progressif" de l'âge de la retraite

A environ deux semaines de la présentation de la réforme des retraites, le gouvernement se montre déterminé à allonger la durée effective du travail pour juguler des déficits croissants. /Photo d'archives/REUTERS/Miro Kuzmanovic

A environ deux semaines de la présentation de la réforme des retraites, le gouvernement se montre déterminé à allonger la durée effective du travail pour juguler des déficits croissants. /Photo d'archives/REUTERS/Miro Kuzmanovic - -

PARIS - A environ deux semaines de la présentation de la réforme des retraites, le gouvernement se montre déterminé à allonger la durée effective du...

PARIS (Reuters) - A environ deux semaines de la présentation de la réforme des retraites, le gouvernement se montre déterminé à allonger la durée effective du travail pour juguler des déficits croissants.

Le Premier ministre François Fillon déclare ainsi dans un entretien à L'Est républicain publié jeudi que "s'il n'y a pas allongement de la durée d'activité, il y aura baisse des pensions", seule option totalement rejetée par le gouvernement.

Pour y parvenir, le ministre chargé de la réforme, Eric Woerth, a confirmé son souhait de relever progressivement l'âge légal d'ouverture des droits à la retraite, abaissé de 65 à 60 ans en 1983 par le président socialiste François Mitterrand.

Le nouvel âge légal n'est pas encore arrêté, mais son relèvement devrait s'accompagner de celui d'un autre seuil: l'âge permettant de bénéficier automatiquement d'une retraite à taux plein, aujourd'hui fixé à 65 ans, a ajouté le ministre du Travail.

Quant à la vitesse du relèvement de l'âge légal, François Fillon précise que "la question du rythme est en débat" et que "l'acceptabilité de la réforme passe par sa progressivité".

La plus grande organisation patronale française, le Medef, demande que la hausse se fasse à raison d'un semestre par an et non d'un trimestre, le rythme choisi pour l'allongement de la durée de cotisation lors de la réforme Fillon de 2003.

Alors que les hypothèses le plus souvent évoquées sont un passage à 62 ou 63 ans, sa présidente Laurence Parisot, chantre du relèvement de l'âge légal, plaide pour un retour aux 65 ans.

MOBILISATION DES SYNDICATS LE 24 JUIN

Le président de la CGPME, l'autre grande organisation patronale française, estime pour sa part que "63 ans serait déjà un effort considérable". "Un trimestre en plus par an serait déjà un rythme soutenu", ajoute Jean-François Roubaud dans un entretien publié jeudi par Les Echos.

Hostiles au relèvement de l'âge légal, les syndicats espèrent pour leur part faire reculer le gouvernement grâce à une mobilisation populaire. Cinq d'entre eux, dont les plus grands, appellent à la mobilisation le 24 juin, après une journée d'action mitigée le 27 mai.

Pour redresser les comptes, le gouvernement pourrait, en plus du relèvement de l'âge légal, augmenter à nouveau le nombre d'années de cotisation nécessaires pour toucher une retraite à taux plein, qui atteindra 41 ans en 2012 du fait de la réforme de 2003.

Des informations de presse, démenties par le ministère du Travail, ont fait état d'un passage à 42 ans en 2030, voire 42 ans et un trimestre.

Le Conseil d'orientation des retraites (Cor), une instance qui associe partenaires sociaux, parlementaires, représentants de l'Etat et experts, estime que si rien n'est fait les déficits des retraites atteindront environ 40 milliards d'euros en 2015 contre 10,9 en 2008, tous régimes confondus.

LA RÉFORME PRÉSENTÉE VERS LE 20 JUIN

Le Cor a publié mi-mai des nouvelles simulations montrant que jouer seulement sur l'âge légal ne suffirait pas à équilibrer les comptes du régime général de retraite.

Selon ces projections, une hausse d'un trimestre par an de l'âge légal jusqu'à 63 ans, associée à celle de l'âge du taux plein à 68 ans, améliorerait les comptes de la Caisse nationale d'assurance vieillesse (Cnav) de 17 milliards d'euros en 2030, couvrant prêt de la moitié de son besoin de financement.

A plus long terme, la hausse de ces âges conduirait à une légère augmentation de la pension moyenne et le solde de la Cnav ne serait amélioré que de 18 milliards d'euros en 2050, soit 27% de son besoin de financement.

Si l'on ajoute au relèvement de ces âges, une hausse de la durée de la cotisation pour une retraite complète à 43,5 ans en 2050, le solde serait amélioré dans une même proportion en 2030 (17 milliards) mais de 23 milliards en 2050, soit 36% du besoin de financement de la Cnav.

Le gouvernement a par ailleurs annoncé que les mesures démographiques devraient s'accompagner d'une contribution supplémentaire de solidarité sur les hauts revenus et les revenus du capital.

Cette contribution, dont les détails ne sont pas encore connus, ne sera pas prise en compte dans le "bouclier fiscal" qui plafonne le montant total des impôts directs que doit payer un contribuable à 50% de ses revenus.

Le ministère du Travail prévoit de dévoiler les axes de la réforme autour du 20 juin et de présenter le projet de loi mi-juillet au conseil des ministres pour un examen en septembre au Parlement.

Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse