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Finances publiques

Université: faut-il en finir avec le système d’assurance maladie étudiant?

1,7 million d'étudiants doivent cotiser chaque année dans l'une des deux mutuelles étudiantes.

1,7 million d'étudiants doivent cotiser chaque année dans l'une des deux mutuelles étudiantes. - -

La Cour des comptes publie demain, le 17 septembre, son rapport sur la sécurité sociale. Une large partie critique l’efficacité du système d’assurance maladie étudiant.

Le régime de santé des étudiants est-il encore adapté aujourd’hui ? La Cour des comptes, qui publie demain mardi 17 septembre un rapport sur la sécurité sociale, émet en tous cas des critiques sur le fonctionnement des mutuelles étudiantes.

La gestion de l’assurance maladie étudiante est confiée aujourd’hui à deux réseaux de mutuelles : La Mutuelle Des Etudiants (LMDE) et le réseau régional emeVia. Au total, 1,7 million d’étudiants doivent payer une cotisation (211 euros cette année) dans l’une de ces deux mutuelles. Selon le pré-rapport de la Cour publié en juillet dernier par le journal Le Monde, mettre fin aux cotisations obligatoires permettraient de faire économiser 69 millions d’euros à la CPAM, l'assurance maladie.

Pour assurer la mission de service public des mutuelles, l’assurance maladie leur verse chaque année 54,77 euros par affilié, soit 92 millions d’euros au total.

De graves problèmes de gestion

Un chiffre trop élevé pour une efficacité bien trop faible dénonce la Cour des comptes. Selon elle, la LMDE accumulerait les retards dans le traitement des feuilles de soins et ne répondrait qu’à un appel téléphonique sur 14. La mutuelle affichait d'ailleurs un déficit record de 23 millions d’euros en 2011. Quant aux mutuelles régionales, elles mettraient 3 fois de temps que la CPAM pour actualiser les cartes vitales de ses affiliés.

"Les mutuelles étudiantes paraissent significativement moins productives que les caisses primaires", juge la Cour des comptes. Une conclusion que conteste Cédric Chevalier, président du réseau emeVia. "En 2012, un affilié coûtait en moyenne 65,8 euros ans les 50 CPAM les plus performantes alors que les mutuelles étudiantes ne touchent que 52 euros pour gérer la santé d’un étudiant. Dire que le régime étudiant coûte plus cher que le régime général est faux", expliquait-il sur ma Chaîne étudiante.

Cumul des activités

Pour autant, les mutuelles tente de se rattraper en profitant de la possibilité qui leur est offerte de cumuler des activités commerciales à celles de gestion de l’assurance maladie.

Ainsi, le paiement de la cotisation à la sécurité sociale, qui se fait le jour de l’inscription à l’Université, est une bonne occasion pour les mutuelles de vendre leur complémentaire santé facultative. Et pour un étudiant de 18 ans mal conseillé, la limite entre cotisation à la sécurité sociale et souscription à une complémentaire santé reste flou. En 2012, l’UFC-Que Choisir dénonçait des pratiques commerciales douteuses encore en vigueur sur les campus français. Afin de mettre fin à ces abus, le Sénat se prononçait en décembre dernier pour la création d’une mutuelle étudiante unique.

La Cour des comptes prône quant à elle un assouplissement du régime. Selon les Sages, la délégation de service public aux mutuelles est une bonne chose, mais les étudiants devraient avoir la possibilité de rester rattachés au régime de leurs parents s’ils le désirent.

T.S-C