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Comment devenir sniper pour l’armée française

Les qualités requises : être calme, avoir de solides compétences en topographie, savoir être discret et avoir une excellente condition physique.

Les qualités requises : être calme, avoir de solides compétences en topographie, savoir être discret et avoir une excellente condition physique. - Kenzo Tribouillard - AFP

VIDÉO - C'est une première, le ministère des Armées a décidé de lever le voile sur les tireurs d'élite de l'armée de terre. Nous avons pu rencontrer ces snipers qui nous ont expliqué les secrets de leur métier et la formation qu'il faut suivre pour rejoindre ce groupe d'élite.

Le cinéma américain a souvent fait l’éloge des snipers, ces spécialistes capables d’atteindre une cible à des distances atteignant parfois 3000 mètres. La France n’a rien à envier à ces spécialistes. Le ministère des Armées a levé le voile sur ces soldats répartis dans les trois armées (terre, air, mer) à qui l’on confie ces missions très particulières sur les terrains d’opération. L‘armée de terre compte un peu plus de 500 tireurs d’élite longue distance (TELD) dans ses rangs et pour entrer dans cette section d’élite, la sélection n’est pas au niveau du premier venu.

"Ce métier demande des qualités particulières, pas seulement d’être un excellent tireur", a expliqué à BFMBusiness.com l’adjudant Cédric, instructeur dans un centre de formation basé dans le Larzac. "Il faut être calme et avoir de solides compétences en topographie, savoir être discret et avoir une excellente condition physique". En effet, pour atteindre leur point de tir, souvent placé en altitude, ces militaires doivent marcher longtemps quels que soient les terrains avec un sac à dos de près de 30 kilos.

Lors de ces expéditions, ils partent en binôme avec un "spotter" qui leur indique les données de visée obtenues dans une lunette pour ajuster la précision du tir. "Sans lui, rien n’est possible", reconnaît un tireur d'élite du 3e RIMA (régiment d’infanterie de Marine) de Vannes.

Précision, sang-froid, sens de l'orientation et patience

Les tireurs sont en effet équipés d’une arme de poing et d’un fusil d’assaut (Famas ou HK 416) d'une portée de 300 mètres. Dans leur sac, en plus d’un stock de munitions de différents calibres (9 mm, 5,56 mm, 7,62 mm et 12,7 mm), ils disposent d'un fusil de précision (FRF2 ou HK 417) pour les tirs de moins de 1000 mètres, et d'un PGM de 17 kilos, pour des cibles placées jusqu’à 1800 mètres.

Pour rejoindre cette unité, il y a donc beaucoup d’appelés, mais très peu d’élus, comme le confirme un autre instructeur, l’adjudant-chef Willie qui précise qu’un autre talent est nécessaire : la patience. "Il faut être capable de rester immobile parfois des heures avant d’entrer en action", explique ce spécialiste qui note aussi que pour les tirs qui se font depuis un hélicoptère, le sens de l'équilibre est indispensable.

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- © Ministère des Armées

La sélection est donc très élitiste. Pour entrer dans ce corps, il faut faire partie des meilleurs tireurs de son régiment avant d’être sélectionné pour suivre la formation de TELD. Elle démarre par un cursus de 5 semaines pour devenir chef de groupe, puis 4 semaines pour être chef de section et de 3 semaines supplémentaires pour accéder à la fonction d’instructeur.

Un championnat de France des snipers

Dans ces sessions, on apprend le tir de précision, mais aussi l’art du camouflage, la topographie, la description pour fournir des renseignements et le secourisme. Sans oublier des marches commando quotidiennes au cours desquelles, les élèves parcourent 8 à 10 kilomètres chargés de leur équipement. "En réalité, le tir ne représente que 10% de notre activité. Le reste, c’est de la marche, de l’analyse du terrain et l’envoi d’informations", précise l’adjudant Cédric.

Ce vétéran devenu instructeur après des années sur le terrain -de l’Afghanistan au Kosovo en passant par plusieurs pays d’Afrique ou du Moyen-Orient- a eu l’idée de créer un challenge qui permet aux TELD de l’armée de terre de se confronter entre collègues. Ce projet a été soutenu par ses supérieurs et il se déroule chaque été depuis 6 ans sur le plateau du Larzac.

Ce championnat de France compte 22 épreuves sur 19 jours et trois nuits. Le prochain tournoi aura lieu l’été prochain dans le Larzac. Pas question pour le public d’y assister et pas seulement pour éviter d’éventuels accidents. "C’est surtout une occasion de nous retrouver dans un esprit de camaraderie entre tireurs d’élite".

Cet esprit est encore très masculin. Sur les quelque 500 tireurs d'élite répartis dans les régiments de l'armée de terre, on ne compte encore qu'une seule femme. Mais comme le précise un officier supérieur, tous les postes militaires sont ouverts aux femmes, même dans les unités opérationnelles. Verra-t-on bientôt l'une d'elles remporter le challenge du Larzac? Rien d'impossible à ceux qui osent.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco