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Après Telegram, le gouvernement veut sa propre messagerie chiffrée

Mounir Mahjoubi a fait part d'un projet de messagerie publique chiffrée de bout en bout, interne à l’État, et destinée à remplacer Telegram auprès des parlementaires et des ministres.

Prisée par la classe politique française, l'application de messagerie sécurisée Telegram pourrait bientôt être reniée. Sur France Inter, Mounir Mahjoubi a annoncé ce matin un projet de messagerie publique chiffrée de bout en bout, interne à l'Etat et destinée à remplacer le service auprès des parlementaires et ministres.

Rivale de WhatsApp et de Messenger, Telegram elle a fait de la sécurité des communications son principal argument de vente. Les messages envoyés sur Telegram sont chiffrés et nulle autre personne que leur expéditeur et leur destinataire ne peut a priori accéder à son contenu. Le cofondateur de la société, Pavel Durov, affirme par ailleurs avoir créé l'application afin d'échapper à la surveillance du gouvernement russe.

Autant d'arguments qui ont séduit les femmes et hommes politiques français ces derniers mois. Fin mars, Aurore Bergé, porte-parole du groupe LREM à l'Assemblée, indiquait auprès de L'Obs consulter Telegram "des centaines de fois par jour". Même constat pour Amélie de Montchalin, chef de file des marcheurs à la commission des Finances, qui passe ses consignes de vote en direct en pleine discussion parlementaire. En juillet 2016, L'Express avait constaté la présence d'Emmanuel Macron, d'Arnaud Montebourg, ou encore de François Fillon sur le service. Il suffit en effet de disposer du numéro de téléphone d'une personne pour la retrouver sur l'application et suivre ses dernières heures de connexion.

Une sécurité insuffisante

Malgré sa popularité, l'application suscite quelques soupçons. Son utilisation par les plus hauts responsables politiques français pour communiquer en toute discrétion sur des sujets sensibles constitue même une hérésie aux yeux de certains experts en sécurité. 

"Beaucoup de chercheurs reprochent à Telegram d'avoir un chiffrement plus que douteux", rappelle le chercheur en sécurité français x0rz auprès de BFM Tech. "Difficile de savoir qui peut véritablement peut accéder aux données, les serveurs étant en Russie".

De plus, la protection liée au chiffrement de bout en bout ne s'applique qu'aux canaux de discussion "secrets" de l'application, une subtilité qu'il vaut mieux connaître pour échanger des informations sensibles. "Plusieurs techniques existent pour accéder à des comptes Telegram non protégés", complète Frédéric Jacobs, ex ingénieur chez Signal, une application concurrente, et désormais chez Apple. "L'une d'entre elles est utilisée par le gouvernement russe pour obtenir des informations sur des personnalités politiques ou dissidents".

Sur France Inter, Mounir Mahjoubi n'a pas explicitement mentionné la raison d'un tel basculement, ni même quels services pourraient être prisés par le gouvernement. Plusieurs protocoles de communication sécurisés, parfois difficiles d'accès pour le grand public existent déjà. Ainsi du RIE, le réseau interministériel d'Etat, développé par l'ANSSI, l'Agence nationale de sécurité des systèmes d'informations. "Il existe déjà des "téléphones chiffrants" pour les ministères et haut placés du gouvernement des téléphones audités et certifiés par l'ANSSI", rappelle également x0rz. Contacté par BFM Tech, Mounir Mahjoubi n'a pas encore donné suite. 

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech