Cette start-up française fabrique de la peau humaine par bio-impression
Imprimer de la peau humaine avec un processus industriel? C'est le pari de Poietis, qui reproduit des tissus biologiques humains avec son procédé unique de bio-impression par laser. Il lui permet d’imprimer les constituants des tissus avec une résolution et une précision microscopiques en partant de cellules vivantes de peau. L’impression 3D des tissus biologiques se fait par dépôts couche par couche de microgouttes "d'encres" biologiques (contenant une à plusieurs cellules).
"Notre technologie reproduit de la peau humaine cellule par cellule. À ce niveau de précision, on s'approche au plus près de la complexité des tissus humains. À la sortie du procédé de bio-impression, on obtient un amas de cellules vivantes qui continuent d'interagir entre elles pour créer par maturation le produit fini" explique Laurent Van Steenkiste, directeur marketing de cette jeune société créée en 2014 et basée à Pessac (Gironde).
Développée initialement à l'Inserm et à l'université de Bordeaux, cette technologie s'appuie sur une famille de sept brevets qui ont valu à la jeune société de décrocher un des trophées de l'innovation 2017 décerné par l'Inpi (institut national de la propriété industrielle).
Dans l'immédiat, les débouchés se situent dans l’industrie cosmétique et pharmaceutique afin de tester l’efficacité et la toxicité de leurs produits en évitant les tests sur animaux.
Poietis a noué des partenariats avec L'Oréal et BASF qui avaient déjà développé des modèles de peaux à des fins de test dans leur laboratoire. "Nous leurs apportons une meilleure fiabilité avec les produits que nous leur livrons" souligne le responsable de Poietis. L'Oréal utilise les tissus produits par la société pour ses études sur les soins capillaires et l'industriel allemand pour tester de nouveaux cosmétiques. À terme, le procédé, qui doit procéder aux études précliniques, intéressera la médecine régénératrice, en manque d’organes et de tissus humains.
La start-up, dirigée par Fabien Guillemot et Bruno Brisson, emploie à ce jour 22 salariés et a réalisé un chiffre d'affaires annuel de 361.000 euros en 2016. Pour se financer, la PME a eu recours à deux levées de fonds successives réalisées sur la plateforme participative Wiseed. Elle va aussi bénéficier d'avances de fonds car elle figure parmi les lauréates du concours mondial d'innovation en 2017, soutenu notamment par bpifrance. Au total, la PME estime pouvoir totaliser ainsi 6 millions d'euros de financement.