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La start-up française Sigfox parie sur un décollage en 2018

Le réseau et la technologie de Sigfox sont présents ou en cours de déploiement dans 45 pays, début 2018.

Le réseau et la technologie de Sigfox sont présents ou en cours de déploiement dans 45 pays, début 2018. - Jacques Demarthon-AFP

Le chiffre d'affaires de la start-up a atteint 50 millions d'euros en 2017. Moins que prévu. Et les 2,5 millions d'objets connectés via sa technologie sans fil ne sont pas assez nombreux pour permettre à Sigfox d'être rentable. Mais la donne pourrait changer cette année.

Sigfox réussira-t-il son pari? En 2017, l'année fut mi-figue mi-raisin pour la start-up française qui n'a cependant pas réalisé les objectifs affichés en fin d'année dernière. Son chiffre d’affaires pour 2017 atteint les 50 millions d’euros, soit une croissance de 56% par rapport à 2016. Mais, ce bon résultat est bien inférieur aux 60 millions d'euros que pensait atteindre Ludovic Le Moan, cofondateur et PDG de la société, dans un entretien aux quotidien Les Echos en décembre 2017.

Sigfox enregistre aussi une croissance sur l'année de 65% du nombre d’objets actifs connectés par sa technologie: son parc atteint désormais 2,5 millions d’objets. Mais son modèle économique est celui d'un opérateur. Sigfox facture de manière récurrente les données échangées par objet connecté: poubelle transmettant son niveau de remplissage ou alarme domestique signalant une intrusion. Sa plus grande référence à ce jour reste d'ailleurs Securitas avec 1,2 million d'alarmes connectées.

En 2018, 6 millions d'objets seront connectés par Sigfox

Ces abonnements ne génèrent néanmoins que quelques euros par an et par objet, puisque le trafic quotidien échangé est très faible. Pour voir sa croissance annuelle prendre l'allure d'une courbe exponentielle, la start-up attend encore une explosion du nombre d'objets connectés. En 2018, elle table sur un doublement du parc des objets connectés grâce à sa technologie, qui attendrait six millions d'unités. "L’enjeu des prochaines décennies est de collecter ces données à un coût inférieur à leurs valeurs intrinsèques" explique Ludovic Le Moan, le cofondateur de Sigfox. Autrement dit, seules ont un avenir les applications abaissant le coût d'exploitation des parcs d'objets de toute type: en évitant inutilement de déplacer un technicien ou un véhicule pour les réparer, les remplacer ou les recharger.

En attendant, la start-up compte aussi sur les revenus tirés des redevances que lui versent ses partenaires lorsqu'ils déploient en exclusivité sa technologie dans un pays. Quatre nouveaux pays d'Amérique latine (Chili, Équateur, Panama et Salvador) vont installer un réseau à technologie Sigfox, grâce à son partenaire, le groupe WND, à travers la création d'une série de contrats noués avec des sociétés locales. En 2018, elle ambitionne de conquérir 60 pays contre 45 actuellement dont 17 sont couverts par un réseau sous licence Sigfox à une échelle nationale.

Dans le souci d'aider au décollage du marché et d'encourager les entreprises à adopter ses solutions, elle joue aussi la carte de l'évangélisation, à l'américaine. Son projet baptisé Hacking House consiste à former des étudiants dans le monde entier à sa technologie pour qu'ils soient en mesure de concevoir des projets pour le compte d'entreprises dans le domaine de l'internet des objets. Un premier campus d'été débutera en juin 2018 à San Francisco pour aboutir un une première promotion en septembre 2018.

Frédéric Bergé