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Mohammed Boumediane, génie de la cyberdéfense et cauchemar des hackers

Mohammed Boumediane, PDG de Ziwitt, lance un fonds de 6 millions d'euros pour financer les start-up spécialisées dans la cyberdéfense.

Mohammed Boumediane, PDG de Ziwitt, lance un fonds de 6 millions d'euros pour financer les start-up spécialisées dans la cyberdéfense. - Ziwitt

Mohammed Boumediane, fondateur de Ziwit, est un expert mondial de la cyberdéfense. Il lance ce lundi StartInvest, un fonds pour financer les start-up du secteur, et dynamiser l’innovation en France et en Europe.

C'est un jeune homme charmant, mais Mohammed Boumediane est le cauchemar des hackers. Son nom ne vous dit rien? C'est que son métier lui impose d’être discret. Mais tous les experts de la planète connaissent Ziwit, sa start-up créée à Montpellier en 2011 qui est devenue le leader européen de la cybersécurité avec HTTPCS (Hypertext Transfer Protocol Certified Secure), un bouclier qui protège les serveurs qui gèrent les données de ses clients dont beaucoup sont Américains. Parmi eux, Adobe, Oracle, Sales Force, TripAdvisor, LinkedIn et même Google.

En France, un accord de confidentialité avec les ministères de la Défense et de l’Intérieur l’oblige à rester discret sur ses contrats. Il a tout de même révélé au site marocain Média24 que Ziwit avait pour clients "70% des entreprises du CAC 40". Son parcours qui a démarré au Maroc pour se poursuivre dans de grandes écoles françaises a séduit le Financial Times qui lui a consacré un documentaire en 2015.

Le carnet d’adresses qui fait émerger ces innovations

Aujourd’hui, cet ingénieur expert en cryptologie veut aller plus loin. Avec un grand groupe français spécialisé dans la défense, il lance StartInvest, un fonds d’investissement de 6 millions d’euros pour financer les start-up de la défense et de la cyberdéfense. "Il n’y avait pas d’autres solutions pour appuyer les projets du secteur", a indiqué le jeune dirigeant à BFM Business.com. "On parle d’un manque de financement global en France pour les start-up, mais c’est pire pour celles qui sont spécialisées notamment en cybersécurité".

Pour le jeune entrepreneur, cette lacune repose sur un manque de compréhension du secteur par les sociétés de capital-risque, mais pas seulement. "Pour les VC* ce secteur est trop technique, trop risqué, mais aussi inaccessible. Ils ne disposent pas de réseau dans la cybersécurité. Dans ce monde, c’est le carnet d’adresses qui permet de trouver des débouchés aux innovations". Mais ces technologies nécessitent aussi des fonds importants avec des retours sur investissements plus longs que dans d’autres secteurs des nouvelles technologies et une stratégie de communication particulière. "On ne fait pas d’annonces spectaculaires pour lancer un produit, comme cela se fait avec des gadgets connectés".

La NSA, la CIA et le Mossad créent des incubateurs

Ces contraintes n’incitent donc pas les investisseurs français ou même européens à se lancer, mais ce marché est l’un des plus dynamiques, surtout depuis la vague de cyberattaques de ces derniers mois. En 2016, il représentait 81,6 milliards de dollars dans le monde. Cette année, le cabinet Cybersecurity Ventures estime qu’il pourrait atteindre 120 milliards de dollars, soit une progression de 48%. Ce volume, mais aussi l’importance stratégique que représente cette industrie, a incité les Américains et les Israéliens à financer les start-up spécialisées avec des fonds comme IQT ou Libertad. Le premier est considéré comme l’incubateur de la NSA et de la CIA, quant au second, il est officiellement soutenu par le Mossad.

"Nous sommes également soutenus par ce type de structures, qu’elles soient françaises ou européennes", nous a révélé Mohammed Boumediane sans donner plus de détails. "Mais notre avantage repose surtout sur nos écoles de sciences et de mathématiques qui ont une réputation mondiale", estime le fondateur de Ziwit. Pour lui, les étoiles sont alignées pour que la France devienne l’un des pays les plus performants du monde en matière de cybersécurité, et pas seulement à cause des cyberattaques qui touchent plus régulièrement le territoire. "Ce potentiel est de plus en plus atteignable depuis l’élection d’Emmanuel Macron. On n’imagine pas à quel point à l’étranger, l’image de la France s’est déjà transformée", a déjà remarqué le jeune dirigeant qui compte bien ne pas laisser passer cet élan. D'autant que selon lui, les récentes cyberattaques ne sont que le début d'une vague qui s'apprête à déferler sur l'économie mondiale.

*investisseurs en capital risque

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco