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Pourquoi l'internet mobile balbutie encore dans les métros en France

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- - Bertrand Guay-AFP

Comme l'a mesuré l'Arcep au premier semestre 2017, il est (quasi) impossible d'accéder à Internet en 3G/4G dans les métros de France. À Paris, malgré les efforts de la RATP, plusieurs lignes restent sans accès à haut débit. Le métro toulousain promet la couverture totale à la fin 2017.

L'internet mobile reste le parent pauvre des lignes de métro en France. Dans les six métropoles dotées d'un réseau de métro (Paris, Lille, Lyon, Marseille, Rennes, Toulouse), le voyageur est souvent dans l'impossibilité de surfer sur le web ou de télécharger des vidéos avec un smartphone ou une tablette.

La carte interactive de la couverture des quatre opérateurs mobiles par l'Arcep, publiée le 18 septembre 2017 sur monreseaumobile.fr, consolide les mesures de terrain effectuées au premier semestre 2017, en 2G, 3G/4G dans les transports (TER, Transiliens, RER, métros, TGV, routes). L’enquête a porté sur les usages les plus répandus: web, vidéo, transfert de données, SMS et appels vocaux. Soixante enquêteurs de l'Arcep équipés d'un smartphone ont mesuré la qualité des réseaux mobiles dans les métros, dont, pour la première fois, ceux de Lille, Lyon, Marseille, Rennes et Toulouse. 

Leurs conclusions sont édifiantes. Le meilleur taux de couverture en 3G/4G, celui d'Orange, plafonne en moyenne à 25% pour les six métros nationaux (en comptant les tronçons aériens !). SFR et Bouygues Télécom suivent avec respectivement 22% et 21%. Free Mobile ferme la marche avec 9%.

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- © Taux de couverture des métros nationaux pour la navigation web pour les quatre opérateurs mobiles.

À Paris, des lignes entières de métro comme la 8 (Balard-Créteil) ou la 10 (Boulogne-Gare d'Austerlitz) n'ont quasiment aucune couverture 3G ou 4G permettant de bénéficier des services de l'internet mobile. Seules quelques grosses stations du réseau parisien étaient couvertes (Étoile, Bastille, La Défense,...) au début de l'été 2017.

Avec les RER A et B, la ligne 1 (La Défense-Château de Vincennes) est la seule sur laquelle le voyageur peut se connecter à Internet dans de bonnes conditions sur presque tout le tracé dans Paris intra muros. Sur certaines lignes comme la 6 (Nation-Étoile), les seuls tronçons où l'accès à Internet mobile est performant sont en fait les parties aériennes.

Toujours dans la capitale, a contrario, la SNCF a, depuis avril 2017, couvert en 3G/4G, l'intégralité de la partie souterraine de sa ligne C. C'est la première du genre à être dotée de l'internet mobile entre les stations Bibliothèque François Miterrand et Champ de Mars.

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- © En rouge figurent les lignes où l'accès à internet mobile est difficile voire impossible. Source : Arcep-www.monreseaumobile.fr

A la décharge de la RATP, le métro parisien date de 1900, son maillage est très dense et les infrastructures à base d'antennes, partagées par les quatre opérateurs, nécessitent des locaux techniques spécifiques en sous-sol.

Installer des antennes ne peut se faire que lorsque le métro est fermé, c'est à dire uniquement quelques heures la nuit. Couvrir une station nécessite 20 nuits de travaux. Or il y a 320 gares et stations souterraines du métro et RER de la RATP qui doivent être dotées de plus de 3000 antennes et 300 kilomètres de câble.

Des difficultés techniques récurrentes en sous-sol

Mais, surtout, l'exigüité des locaux souterrains et l'évacuation de la chaleur générée par les antennes en sous-sol compliquent les travaux de déploiement de la 3G/4G par la régie parisienne.

Ces difficultés récurrentes font douter du respect du calendrier concernant la couverture 3G/4G de tout le métro parisien. Celle-ci reste fixée à la fin 2017 pour l'achèvement des travaux, la RATP promettant "de renforcer la capacité 3G et 4G sur les 100 stations les plus importantes de 2017 à 2019".

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- © L'installation de la 4G dans le métro à Toulouse s'appuie sur un réseau existant de fibre optique.Arcep-www.monreseaumobile.fr

En régions, la situation n'est pas meilleure, voire pire dans certaines villes. Dans le métro de Rennes, le plus récent, inauguré en 2002 et composé d'une seule ligne, aucun accès à l'internet n'est encore possible.

Une convention avait été signée en octobre 2016 entre la métropole et TDF, l'installateur des infrastructures. Elle promettait la mise en service du réseau 3G et 4G à l'été 2017. Mais ce calendrier a pris du retard. Finalement, ce ne sera pas avant 2018 car TDF attend qu’au moins un des quatre opérateurs s’engage, avant de lancer les travaux, selon Ouest-France.

À Toulouse, les quatre opérateurs investiront 10 millions

À Toulouse, les deux lignes du métro devraient bénéficier de la 4G d'ici la fin de l'automne 2017. L'investissement représente 10 millions à la charge des quatre opérateurs mobiles. "Orange a pris la tête de file pour mener les travaux" rapporte le quotidien régional La Dépêche. "Nous serons le premier métro entièrement couvert par la 4G puisque Paris ne l'a que partiellement" s'est plu à rappeler le vice-président en charge de l'économie numérique à la Métropole, Bertrand Serp.

À Lyon, Marseille et Lille, les projets d'installation d'antennes pour couvrir en 3G et 4G les métros de ces villes, sont moins avancés, même si la couverture de ces réseaux souterrains est programmée (à Lyon et Lille) en 2018 et 2019.

Frédéric Bergé