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Quand la blockchain permet de certifier le consentement d'un partenaire sexuel

LegalFling propose d'obtenir un consentement explicite avant une relation sexuelle par un contrat enregistré sur la blockchain.

LegalFling propose d'obtenir un consentement explicite avant une relation sexuelle par un contrat enregistré sur la blockchain. - Oscar Del Pozo - AFP

Trois jeunes Néerlandais développent LegalFling, une appli pour obtenir de son ou sa partenaire un consentement explicite sur les pratiques que l'on accepte ou pas avant une relation sexuelle, et qui fera office de contrat certifié et crypté stocké sur la blockchain.

Alors que les multiples révélations qui ont suivi l'affaire Weinstein doivent progressivement faire évoluer les mentalités et la législation, les technologies proposent déjà une solution pour tenter d'encadrer les relations sexuelles entre adultes consentants et protéger les partenaires. Trois jeunes Néerlandais, Arnold Daniels, Rick Schmitz et Martijn Migchelsen, développent LegalFling (en français relation sexuelle légale, NDLR), un service de consentement pour faire savoir entre partenaires - d’un soir ou pour la vie - ce que l’on veut ou ne pas faire et dans quelles conditions.

Cet accord déposé sur la blockchain est à la fois enregistré, protégé et crypté. L'idée s'appuie sur un projet de loi du gouvernement suédois sur l'obtention d'un consentement explicite avant les relations sexuelles. Ce texte, qui introduit la notion d'outrage sexuel par négligence, devrait être présenté dans les semaines qui viennent pour entrer en application en juillet 2018.

Avant de passer à l'acte, il faut se connecter, envoyer le contrat puis le renvoyer signé.
Avant de passer à l'acte, il faut se connecter, envoyer le contrat puis le renvoyer signé. © Fling

Le projet de LegalFling repose donc sur une appli à télécharger sur son smartphone. L'utilisateur doit être majeur, et devra lister les pratiques qu'il accepte, ou non, et avec qui.

Avant de passer à l'acte, il suffira d’envoyer une demande au partenaire qui connaîtra les limites à ne pas dépasser. Un clic suffit pour valider le contrat qui est visible par les deux personnes. Vous avez dit tue-l’amour? Pas pour les éditeurs du service, pour qui LegalFling est au contraire "une manière de définir clairement les règles avant de s'amuser".

Bientôt dans les stores de Google et d’Apple

"Le sexe devrait être amusant et sûr, mais de nos jours beaucoup de choses peuvent mal tourner. Pensez aux vidéos non désirées, à la rétention d'informations sur les MST et à la reconstitution offensante du contenu pornographique", peut-on lire sur le site en préambule.

Bien sûr, il y a la justice, mais elle intervient lorsqu'il est trop tard. De plus, il est difficile de prouver qu’on ne savait pas, qu’on avait prévenu le partenaire ou qu’on pensait qu’il [ou elle] accepterait une pratique. Devant les tribunaux, ces affaires aboutissent rarement, alors qu’avec un contrat en bonne et dûe forme, les choses sont claires pour tout le monde. Et en cas d’abus, ce ne sera plus parole contre parole. Mais comment prouver que l'accord n'aura pas été donné sous la contrainte?

L’appli, toujours en développement, n’est pas encore disponible sur l’AppStore ou dans le Google Play Store. Sera-t-elle acceptée par les plateformes en ligne? Aucun doute chez Google où l’accès est libre. Quant à Apple, elle devra répondre à des critères uniquement esthétiques, techniques et économiques, rien de plus. Ainsi, en tapant le mot "fling" sur l’AppStore, la première appli à s’afficher est "Pure, rencontres coquines" qui, à l’inverse de LegalFling, propose des rencontres sexuelles imprévues.

Pascal Samama