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Accord Grèce-Troïka : ce qui bloque

La charge de la dette grecque est devenue telle qu'une restructuration par les créanciers publics paraît inévitable

La charge de la dette grecque est devenue telle qu'une restructuration par les créanciers publics paraît inévitable - -

L’accord entre la Grèce et les créanciers publics du pays se fait encore attendre. Pendant ce temps, la dette grecque s’alourdit de manière exponentielle. Et les moyens envisagés pour la rendre moins lourde paraissent dérisoires.

Pour la deuxième fois cette semaine, un officiel grec a été désavoué par ses créanciers publics. Successivement, le ministre des Finances et le Premier ministre grec ont annoncé qu’un accord permettant l’assainissement budgétaire du pays avait été trouvé, chacun démentis ensuite par la Commission européenne.

De cet accord dépend l’octroi d’une nouvelle tranche de prêt à la Grèce, de 31,5 milliards d’euros. En contrepartie, Athènes doit proposer des réformes à même de générer 13,5 milliards d’économies. Ce paquet de mesures serait déjà prêt et accepté. Mais les négociations bloquent sur la question de la dette du pays.

Aujourd’hui, le taux d’endettement grec se situe à près de 160% du PIB. C’est environ 330 milliards d’euros. La situation est encore plus grave qu’au début de la crise. D’une part les lignes de prêt accordées à la Grèce par le FMI et l’Union européenne, de 240 milliards d'euros au total, ont encore creusé la dette publique. D’autre part, la cure d’austérité que s’inflige le pays pèse sur sa croissance. Selon, les prévisions, la dette grecque devrait atteindre les 180% du PIB en 2014. Et ce alors que la Grèce s’est engagée à la réduire à 120% d’ici 2020.

Une restructuration de la dette grecque inévitable

Mais les perspectives économiques ne sont pas bonnes. Les prévisions du FMI et du ministère des Finances hellènes sont alarmistes et rendent d'office inatteignables les objectifs budgétaires d’Athènes. Dans ces conditions, "il paraît inévitable que les institutions prennent leur part de perte" assure Slavena Nazarova, économiste spécialiste de la zone euro au Crédit Agricole CIB.

70% de la dette grecque est détenue par les créanciers officiels. Ce sont le Fonds monétaire international (FMI), la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds européen de stabilité financière (FESF). Cela équivaut à 193 milliards d’euros. Il y a une "possibilité non négligeable", que certains acceptent d’allonger la maturité des prêts et de baisser les taux d’intérêt, indique Slavena Nazarova. Un peu sur le modèle de ce qu’avaient accepté les créanciers privés de la Grèce en 2011.

Un délai, c'est des besoins de financement en plus

A l'heure actuelle, les officiels de l'Union européenne et du FMI excluent une telle possibilité. Toutefois pour l'économiste du Crédit Agricole, il est acquis chez les économistes que "au moins le FESF pourrait restructurer la dette grecque". Reste que, même si les autres créanciers publics se prêtaient au jeu, la charge pour Athènes ne serait allégée que de 10 à 15 milliards jusqu’à 2020, selon les prévisions du bureau d’études du Crédit Agricole. Un montant très loin d’être suffisant pour aider la Grèce est à réduire son endettement à 120% de son PIB.

C’est pour cela que le pays réclame deux ans supplémentaires pour atteindre ses objectifs budgétaires. Mais là encore, cela impliquerait des efforts des institutions publiques. Car les besoins de financement du pays impliqués par ce délai ne sont pas prévus dans le programme d’aide à la Grèce. Et ils pourraient atteindre jusqu’à 20 milliards d’euros, selon les prévisions du bureau d’études de BNP Paribas. Or d’un point de vue politique, pour les dirigeants de la zone euro, l’octroi de nouveaux prêts à la Grèce est difficilement envisageable.

Nina Godart