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Après Fidel Castro, Cuba se cherche un avenir économique

Le modèle socialiste du Lider maximo est petit à petit modifié

Le modèle socialiste du Lider maximo est petit à petit modifié - Alalberto Roque - AFP

L'île a, sous la direction de Raul Castro, amorcé des réformes qui ont un temps laissé augurer des jours meilleurs. Mais la chute des cours des matières premières et la crise au Venezuela ont tué dans l'œuf cet espoir.

Le "Lider Maximo" n'est plus. Vendredi 25 novembre, Fidel Castro est mort à l'âge de 90 ans.Pendant près de 50 ans, l'emblématique dirigeant cubain s'est attelé à construire une société empreinte des idéaux socialistes qu'il défendait.

Sans renier complètement ce modèle économique, son jeune frère Raul Castro, au pouvoir depuis 2006, l'a sérieusement amendé depuis 2008, lorsqu'il a lancé des vagues de mesures qui ont petit à petit ouvert l'île et libéraliser son économie. Des réformes "sans hâte mais sans pause", résume la direction générale du Trésor.

Amorce de libéralisation

Raul Castro a par exemple fait passer une loi permettant aux groupes étrangers d'investir dans des entreprises cubaines, ouvert petit à petit l'économie au secteur privé, et créer des marchés automobiles et immobiliers nationaux.

Il a aussi privatisé les terres agricoles afin de dynamiser la production alimentaire locale, véritable boulet économique de Cuba (80% des denrées alimentaires sont importées).

Ces réformes ont mis du temps à produire leurs effets. Après avoir été heurté de plein fouet par la crise de 2008, Cuba a en effet mis du temps à redresser la barre.

L'espoir de 2015 envolé

En 2009 la croissance était tombée à 1,4%, selon la Banque mondiale. En 2013 elle n'était toujours que de 2,7%. Elle avait même ralenti l'année suivante à 1,4%. 2015 laissait pourtant augurer de jours meilleurs. Cuba avait vu son PIB accéléré avec un chiffre de 4%, explique Business France. La levée partielle des sanctions commerciales contre le pays, décidée par l'administration Obama l'année précédente, avait notamment permis à Cuba d'afficher un certain dynamisme touristique, secteur qui avait crû de 17,3% l'an passé.

Mais l'année 2016 est bien plus sombre. Alors que le gouvernement tablait initialement sur une prévision de croissance prudente de 2%, il est désormais peu probable que le chiffre de 1% soit atteint.

L'impact de la crise vénézuélienne

Deux explications. La première reste avant tout la profonde récession qui touche le Venezuela, le principal partenaire commercial de Cuba et grand fournisseur de pétrole. Selon les prévisions du FMI, le pays dirigé par Nicolas Maduro devrait voir son PIB dégringoler de 10% cette année. En juillet, l'agence Reuters rapportait que les difficultés du Venezuela l'avaient contraint à réduire ses exportations de pétrole à Cuba de 20% au premier semestre 2016.

L'autre souci reste la chute des cours des matières premières, notamment sur le nickel, alors que le secteur minier avait largement contribué à la bonne performance de 2015, selon la Coface.

L'embargo pèse lourd

Cette absence de croissance est d'autant plus problématique que le déficit budgétaire reste élevé (La Coface l'estimait à 4,2% du PIB pour 2015).

Or les Cubains ont encore un train de vie pour le moins modeste. Certes, comme l'explique le Miami Herald, ils gagnent en fait plus que le salaire moyen officiel (25 dollars par mois). L'agence de marketing Rose avait ainsi mené une enquête qui montrait que la moitié des Cubains avaient en fait un salaire compris entre 50 et 200 dollars par mois. Mais ces chiffres restent bas en comparaison des pays de l'OCDE (3.400 dollars par mois en moyenne).

Il reste à savoir quels effets pourront avoir la levée totale de l'embargo américain (si elle survient). En 2015, les restrictions restantes avaient encore coûté plus de 4,5 milliards de dollars de "dommages économiques", selon le gouvernement cubain.

Julien Marion