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Argentine: feu vert du parlement au remboursement des "fonds vautours"

Le Sénat argentin a mis un terme au conflit avec les fonds vautours.

Le Sénat argentin a mis un terme au conflit avec les fonds vautours. - Charly Diaz Azcue - AFP

"Après les députés, le Sénat argentin a voté cette nuit en faveur d'un accord prévoyant le remboursement de 4,6 milliards de dollars à plusieurs fonds spéculatifs. Une émission de dette de 12,5 milliards est également prévue."

Fin d'un long feuilleton en Argentine. Le Parlement a adopté une loi autorisant le gouvernement à solder avec des fonds spéculatifs le contentieux sur la dette hérité de la crise économique de 2001. Une victoire politique pour le nouveau président Mauricio Macri.

Après la Chambre des députés, le Sénat argentin a en effet voté en faveur du texte, dans la nuit de mercredi à jeudi. Cinquante-quatre sénateurs ont voté pour, et 16 ont refusé de donner leur feu vert au versement de 4,6 milliards de dollars aux fonds procéduriers menés par NML Capital et Aurelius, et à une émission de dette de 12,5 milliards de dollars.

Conclu fin février, cet accord "donne à l'Argentine la possibilité d'en finir avec ce conflit" qui empêchait jusqu'ici le pays sud-américain de lever des fonds sur les marchés internationaux de capitaux, a souligné le président argentin avant de s'envoler pour Washington.

Après le défaut de paiement de la 3e économie d'Amérique latine fin 2001, une restructuration de la dette avait été approuvée par 93% des créanciers. Mais 7% des détenteurs de titres argentins avaient refusé la décote de 60 à 70% et entamé des procédures judiciaires aux États-Unis, car une partie de la dette avait été émise sur la place financière de New York.

Jackpot pour les fonds vautours

Pour les fonds "vautours", c'est le jackpot. Le fonds NML du milliardaire américain Paul Singer devrait par exemple empocher 2 milliards de dollars pour des titres rachetés à la fin des années 2000 pour 80 millions de dollars, soit 25 fois la mise.

Alors que 93% des créanciers ont accepté de ne toucher que 30 à 40% de la valeur des bons, après la faillite de l'Argentine en 2001, pour permettre au pays de se redresser, les fonds "vautours" ont obtenu 75%, en s'appuyant sur la décision d'un tribunal américain.

Au pouvoir depuis trois mois, le nouveau président de centre-droit a mené tambour battant des réformes pour éliminer les mesures protectionnistes introduites par les ex-présidents Nestor et Cristina Kirchner, qui ont gouverné le pays de 2003 à 2015. Après l'abolition du contrôle des changes et des limitations aux importations, une dévaluation du peso, une baisse de la fiscalité pour les secteurs productifs, le pays sud-américain devient ainsi plus attractif pour les investisseurs étrangers.

L'adoption du texte est une victoire politique pour le nouveau président, dont la coalition est en minorité dans les deux chambres du congrès. "C'est une preuve de maturité. C'est important car le monde nous regarde (...) L'Argentine a récupéré sa crédibilité et la confiance, ce qui va relancer les investissements", a poursuivi le chef de l'État argentin lors d'un entretien télévisé. 

Y.D. avec AFP