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Bond du franc suisse: un tsunami qui dépasse les frontières

La montée brutale du franc suisse a secoué de la confédération, mais aussi au-delà de ses frontières.

La montée brutale du franc suisse a secoué de la confédération, mais aussi au-delà de ses frontières. - FABRICE COFFRINI - AFP

Outre les habitants et les entreprises exportatrices suisses, les touristes de la zone euro et les Polonais vont être touchés de plein fouet par le renchérissement du franc suisse.

Krach à la bourse suisse. Après avoir plongé de 13% à la mi-séance, l'indice phare de Zurich a clôturé en baisse de 8,5% jeudi 15 janvier. Une conséquence de la décision surprise, totalement inattendue même, de la Banque nationale suisse d'arrêter de limiter la hausse du franc suisse contre l'euro. A la clé: des risques de perte de compétitivité des entreprises suisses très tournées vers l’étranger. Mais aussi des risques de défaut sur les prêts indexés sur la monnaie helvétique.

Pour le patron de l'horloger Swatch, la confédération affronte ni plus ni moins qu’un "tsunami". Sans préparer personne, la Banque Nationale a donc annoncé l'abandon du cours plancher, pourtant défendu ardemment depuis des années. Un enjeu vital pour une économie avant tout tournée vers l'export.

Le coût des exportations augmente de 30% en quelques secondes

Désormais c'est fini. D'un coup d'un seul, la Banque nationale suisse a laissé sortir le génie. En quelques secondes ce jeudi, le franc suisse a pris 30% face à l’euro. Du jamais-vu. En quelques secondes, le coût des exportations suisses a augmenté de 30%. Dans le même temps, pour les touristes de la zone euro, la Suisse est devenue un pays 30% plus cher. L'impact sur l'économie s'annonce aussi rapide que gigantesque: le PIB suisse sera peut-être rogné de 0,7% selon les derniers calculs d'UBS.

La société suisse elle aussi est sonnée: le président du parti démocrate-chrétien évoque un poison pour les emplois, l'export et le tourisme; les syndicats s'inquiètent des répercussions sur les salaires; le patronat parle d'un abandon des PME.

Le risque de défaut augmente

A l'étranger, c'est la panique, surtout en Europe de l'Est, où les emprunts en francs suisses sont répandus. 700.000 ménages sont par exemple concernés en Pologne. Du fait du changement de parité, "le risque de défaut pour les contreparties augmentent, et les banques pourraient être obligées de prendre une partie des pertes", explique David Benamou, associé gérant chez AXIOM AI.

La surprise se lit jusque sur les devantures des vénérables banques helvétiques. Beaucoup, dévalisées, n'étaient plus en mesure de distribuer des euros jeudi.

Dans les salles de marchés certains comparent même la situation à l'apocalypse biblique: le terme "FrancoGeddon", l'armageddon du franc suisse, a un certain succès sur les réseaux sociaux. On s'y demande surtout pourquoi la Banque nationale change son fusil d'épaule et a choisi de prendre tout le monde par surprise. Beaucoup d'intervenants jugent qu'elle vient de perdre toute crédibilité. Mais peut-être n'avait-elle tout simplement pas le choix. La BNS n'avait peut-être plus les moyens financiers d'empêcher la hausse du franc suisse. Une politique qui passait par des rachats massifs d'euros ou des ventes d'une partie de son stock d'or. 

Guillaume Sommerer et Simon Tenebaum avec N.G.