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Brexit : revers en série pour Theresa May au Parlement

La Première ministre britannique Theresa May le 9 décembre 2018 dans sa circonscription près de Londres.

La Première ministre britannique Theresa May le 9 décembre 2018 dans sa circonscription près de Londres. - DANIEL LEAL-OLIVAS / AFP

La Chambre des Communes a infligé coup sur coup deux camouflets à Theresa May, alors que l'examen de l’accord de divorce conclu avec Bruxelles a repris ce mercredi au Parlement.

Les députés britanniques ont infligé pas moins de deux camouflets en moins de 24 heures à Theresa May, alors que l'examen sur l'accord de retrait a repris ce mercredi à la Chambre des Communes. Ils ont voté ce mercredi après-midi un amendement qui contraint le gouvernement à présenter sous trois jours un plan alternatif, si le texte est rejeté la semaine prochaine. Le délai imparti pour élaborer un plan B était jusque là de 21 jours selon la législation actuelle.

Le porte-parole de Theresa May a relativisé ce vote : « Nous faisons tout notre possible pour remporter le vote qui compte, celui de mardi prochain, mais si cela ne se produit pas, nous avons aussi l'intention de répondre rapidement aux interrogations et de donner des assurances sur la suite.»

Deux votes clé perdus 

La veille, la Première ministre britannique avait perdu un autre voté clé sur le Brexit : les députés ont voté un autre amendement à une loi budgétaire qui limite son pouvoir de mettre en oeuvre un Brexit sans accord : toute dépense liée à un « no deal » devra en effet être soumise, soit à un vote du Parlement, soit à un report de la date de sortie de l’UE. Vingt députés conservateurs se sont alliés pour l’occasion à l’opposition travailliste.

Ces deux amendements témoignent de la volonté de la Chambre des Communes d'éviter un divorce sans accord et surtout de sa volonté de reprendre le contrôle sur le dossier du Brexit, alors que l'hypothèse d'un « no deal » se rapproche dangereusement. Ils sont en tout cas de mauvaise augure pour la Première ministre britannique, qui s'apprête à soumettre l'accord âprement négocié avec Bruxelles mardi prochain ; un texte toujours aussi critiqué, tant par les Brexiters, que par les europhiles.

« Fantasmes d'accords alternatifs »

Malgré ces revers, le gouvernement a encore écarté toute réécriture du texte. « Le choix qui se présente est cet accord, ou pas d'accord, ou, comme certains députés le souhaitent, d'annuler complètement le résultat du référendum de 2016 », a affirmé David Lidington, le numéro deux du gouvernement britannique, qui a également invité les Britanniques « à ne pas fantasmer sur des accords magiques, alternatifs qui pourraient on ne sait comment surgir du placard à Bruxelles »?

Des garanties supplémentaires sur le « backstop » ?

De son côté, Theresa May continue d'essayer d'obtenir de l'Union européenne des « assurances » supplémentaires sur « filet de sécurité » (ou « backstop » en anglais). Cette disposition vise à empêcher le retour d’une frontière physique entre la République d’Irlande et la province britannique d'Irlande du Nord, en créant un « territoire douanier unique » qui engloberait l'UE et le Royaume-Uni, avec un alignement plus poussé pour l'Irlande du Nord, en cas d’échec des négociations sur la future relation commerciale entre le Royaume-Uni et l’UE.

Cette disposition hérisse les Brexiters, qui redoutent que le Royaume-Uni ne se retrouvent piégé indéfiniment dans cette union douanière. Elle mécontente aussi les unionistes nord-irlandais du DUP, dont Theresa May a besoin pour dégager une majorité à la Chambre des Communes. La cheffe du gouvernement essaye donc d'obtenir des garantie sur le caractère « temporaire » de ce « filet de sécurité » pour dissiper leurs inquiétudes.

Seule éclaircie pour la Première ministre britannique dans ce ciel particulièrement sombre : son homologue irlandais, Leo Varadkar, a évoqué ce mercredi des « contacts étroits » pour savoir « si une série supplémentaire de garanties écrites, explications et assurances pourraient faire la différence (…) Nous ne voulons pas piéger le Royaume-Uni dans quoi que ce soit. Nous voulons passer aux discussions sur la future relation immédiatement » a-t-il assuré dans un entretien au quotidien Irish Times.

Les unionistes du DUP inflexibles

Theresa May tente parallèlement de cajoler les parlementaires : elle a annoncé ce mercredi que, si les discussions sur la future relation entre Londres et Bruxelles n'étaient pas bouclées en décembre 2020, le Parlement pourrait se prononcer sur une éventuelle prolongation de la période de transition, ou sur la mise en place du « filet de sécurité ». Mais le DUP s'est montré jusque là insensible à ses efforts : « La seule chose qui pourrait amener le DUP à changer d'avis, c'est que le backstop (...) soit retiré de cet accord », a déclaré le porte-parole du mouvement, parlant d'une offre « de façade ».

Mais avant de pouvoir discuter de sa future relation avec l’Union européenne, le Royaume-Uni doit d’abord se prononcer sur son divorce ; Theresa May a jusqu’au mardi 15 janvier pour convaincre les députés à valider ce texte si décrié.