BFM Business
Economie et Social

Brexit: Londres met son budget à la diète malgré une croissance forte

Philip Hammond a présenté le budget post-Brexit.

Philip Hammond a présenté le budget post-Brexit. - HO / AFP

Le nouveau gouvernement britannique a présenté son premier budget ce mercredi. La croissance a été revue à la hausse, mais le ministre des Finances a prévu d'augmenter prudemment les dépenses et de procéder à une hausse des taxes.

Économe. Tel est l’adjectif qui qualifierait le mieux le budget présenté ce mercredi par le gouvernement britannique en prévision des secousses du Brexit. "Notre pays doit recommencer à vivre en fonction de ses moyens", a expliqué le ministre des Finances britannique, Philip Hammond. "Certains demandent des emprunts massifs pour financer de vastes plans de dépenses. Cette approche n'est pas seulement illogique, elle est téméraire, à courte vue et injuste pour les jeunes qui en paieraient les conséquences", a-t-il prévenu.

Parfois surnommé "l’Épicier", Philip Hammond est resté très mesuré en dévoilant les grandes lignes des recettes et des dépenses du gouvernement de sa Majesté. "Il n'y a pas de place pour la complaisance", a-t-il déclaré devant la Chambre des Communes. Avant d’ajouter: "Alors que nous entamons les négociations pour sortir de l'Union européenne, le budget porte notre programme pour préparer le Royaume-Uni à un avenir plus brillant".

Philip Hammond a ainsi annoncé plusieurs mesures parmi lesquelles des hausses de taxes, notamment pour les travailleurs indépendants, l’augmentation des droits d’accises sur les cigarettes ou encore l’instauration d’une taxe sur les produits sucrés. Il a toutefois concédé quelques gestes: il a légèrement augmenté les fonds alloués aux structures sociales de soins et à l'éducation, aménagé l'impact de changements apportés à la taxe professionnelle ou promis de diminuer encore à la marge l'impôt sur le revenu. Mais au final, sans bouleversement profond, son objectif reste le même: réduire le déficit public à moins de 2% du PIB d'ici à la fin de la législature à l'horizon 2020. Au total, les dépenses prévues sont de 802 milliards de livres pour des recettes estiméesde 744 milliards sur l'exercice 2017-2018. 

Un prévision de croissance revue à la hausse

Le gouvernement britannique a donc fait le choix de la prudence en présentant un budget plus que raisonnable malgré une prévision de croissance relevée par les autorités à 2% en 2017. Ce chiffre serait identique à la croissance enregistrée en 2016 et est surtout bien plus élevé que le 1,4% prévu par l'OBR lors du budget rectificatif de novembre dernier.

Il faut dire que, contrairement aux scénarios catastrophes qui avaient germé au moment du vote, l’économie britannique résiste bien depuis l’annonce du Brexit. Le Royaume-Uni bénéficie en effet d'une solide consommation des ménages depuis quelques mois -malgré la montée d'une inflation indirectement provoquée par la chute de la livre sterling depuis le référendum.

Moins d'emprunts prévus

La croissance plus vigoureuse donne par ailleurs un peu d'air à l'État britannique qui devrait emprunter quelque 16 milliards de livres de moins que prévu lors de l'année budgétaire d'avril 2016 à mars 2017, année au cours de laquelle le Royaume-Uni devrait faire passer son déficit public sous la barre des 3% du PIB chère à Bruxelles.

Petit bémol toutefois, la prévision de croissance reste un peu inférieure aux 2,2% qui étaient attendus pour 2017 avant le référendum du 23 juin dernier. Et les pouvoirs publics se sont montrés moins optimistes pour les années à venir, anticipant un ralentissement de la croissance au moment où le Royaume-Uni doit sortir de l'Union européenne. L'OBR a notamment révisé à la baisse ses prévisions à 1,6% pour 2018. De quoi inciter l’exécutif britannique à ne pas céder au triomphalisme et encore moins à des folies dépensières.

P.L avec AFP