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    Ce conflit au Yemen qui nous concerne aussi

Un char de rebelles chiites à Aden au Yemen le 27 mars.

Un char de rebelles chiites à Aden au Yemen le 27 mars. - SALEH AL-OBEIDI - AFP

L'opération militaire menée par l'Arabie saoudite au Yemen a beau être un conflit local, ses répercussions se ressentent dans le monde entier.

"Tempête décisive" dans le Golfe. C'est le nom de l'opération militaire lancée le 25 mars par l'Arabie saoudite, soutenue par la plupart des pays arabes et les Etats-Unis. Des raids aériens pour stopper des rebelles chiites liés à l'Iran, et les empêcher de prendre le contrôle du pays. Le conflit a déjà fait 39 morts ce vendredi. L'Arabie saoudite a des dizaines de pays alliés qui se disent prêts pour une offensive terrestre.

Au-delà des enjeux de pouvoir régionaux, cette opération retentit déjà dans le reste du monde, soulignent les éditorialistes de BFM Business ce vendredi. D'une part, le risque de propagation du conflit est réel, estime Jean-Marc Daniel. De l'autre, ces tensions ont un effet sur les cours du pétrole, explique Jean-Marc Fiorentino.

> L'EDITO DE JEAN-MARC DANIEL : le conflit peut avoir des conséquences importantes comme celles de la "Guerre du Yémen" dans les années 60

Le conflit peut avoir des conséquences importantes, comme celles de la "Guerre du Yémen" dans les années 60. Comme aujourd'hui, tout avait commencé par un coup d'Etat contre le dirigeant du Yémen. L'intervention de l’Égypte en 1962, mené par Gamal Abdel Nasser Hussein, président de la République, était assez importante. Le Caire, associé avec les Soviétiques, soutenait les républicains, tandis que l'Arabie saoudite et le Royaume-Uni soutenaient les royalistes.

Un conflit en pleine guerre froide, avec pour acteurs les deux puissances de référence à l'époque : les États-Unis et l'Union Soviétique. L'Arabie saoudite et l'Iran étaient dans le camp occidental américain contre l'Égypte et l'URSS.

"85% des musulmans du monde sont sunnites"

Le conflit actuel est géré dans le cadre d'affrontements plus locaux, plus régionaux et plus anciens. On assiste à un affrontement entre les sunnites saoudiens et égyptiens contre les chiites persans, incarnés par l'Iran. La puissance du Golfe Persique fait en effet partie des quelques pays à majorité chiite.

Les chiites et les sunnites sont depuis longtemps divisés. Ces deux courants de l'islam s'opposent sur le successeur le plus légitime pour diriger la communauté des croyants. Actuellement, 85% des musulmans du monde sont sunnites. En cela, ce conflit local peut présenter des répercutions assez importantes dans le monde.

> L'EDITO DE MARC FIORENTINO: la situation au Moyen-Orient a le mérite de stopper la chute du cours du pétrole

Le pétrole a chuté depuis un bon moment au Moyen-Orient. Et ce malgré les combats et les conflits dans les pays arabes. Pourtant jeudi, il a suffi que l’Arabie saoudite prenne la tête d’une coalition de dix pays pour frapper des rebelles au Yémen, et le pétrole a flambé. Le baril a bondi de plus de 6 %. Une première au Moyen-Orient.

Jusqu’à présent, il n'y avait eu dans le Golfe que des affrontements de population, d’armées régulières contre des rebelles. Mais la coalition constituée par Ryad est conduite par des sunnites s’attaquant à des milices chiites soutenues par l’Iran. On est donc passé à un conflit régional plus structuré, avec deux pays s'affrontant directement ou presque, l’Arabie saoudite et l’Iran, deux des plus grandes puissances pétrolières au monde. C’est une étape majeure.

"L'Arabie saoudite craint le retour du pétrole iranien"

L'Iran a négocié un accord sur son programme nucléaire avec les grandes puissances du monde. Elle a demandé l'annulation totale des sanctions internationales qui lui ont été imposées. C'est pourquoi l'Arabie saoudite craint le retour du pétrole iranien sur le marché.

Le "timing" de l’attaque de l’Arabie saoudite n’est pas innocent. Car les pays sunnites ne veulent pas que les négociations sur le nucléaire iranien aboutissent. Avec cette attaque, les négociations avec l'Iran risquent certainement se tendre. La journée de jeudi a ainsi marqué un tournant géopolitique et économique. Et le marché du pétrole en est le reflet.

N.G.