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Ces Californiens qui gagnent 30.000 euros par mois et qui pensent faire partie de la classe moyenne

Dans la Silicon Valley, les salaires sont parmi les plus élevés du monde et même les stagiaires sont très bien rémunérés (6.000 dollars par mois chez Google par exemple).

Dans la Silicon Valley, les salaires sont parmi les plus élevés du monde et même les stagiaires sont très bien rémunérés (6.000 dollars par mois chez Google par exemple). - 20th Century Fox

Le coût de la vie a tellement augmenté dans la Silicon Valley, où Google, Apple et Facebook ont leur siège, que même les très hauts revenus n'ont pas l'impression d'être riches.

La Silicon Valley est-elle un monde à part? Cette région située au sud de San Francisco plus petite qu'un département français (4.800 km²) et qui abrite entre autres les sièges de Google, Apple et Facebook génère à elle seule un PIB de 250 milliards de dollars, soit plus que la Finlande ou le Portugal par exemple.

Une telle concentration de puissances financières qui brouille les référentiels habituels de richesse, de pauvreté et de classe moyenne. C'est ce que révèle une enquête réalisée par le journal Palo Alto Weekly. L'hebdomadaire a interrogé 250 résidents de la "Valley" entre décembre et janvier dernier pour savoir à quelle classe sociale ils pensent appartenir.

Et le résultat est surprenant même pour la Silicon Valley. Un tiers des répondants qui gagnent jusqu'à 400.000 dollars par an (soit 27.000 euros par mois) estiment faire partie de la classe moyenne. À titre de comparaison, en France, 1% seulement de la population active dispose d'un tel revenu.

La classe moyenne, un concept floue 

Ces riches qui s'ignorent ont évidemment tort. Bien que très élevé, le revenu médian d'un ménage à Palo Alto au coeur de la Silicon Valley est de 137.000 dollars par an, soit l'équivalent de 9.300 euros par mois. Une somme importante mais tout de même loin des 33.000 dollars mensuels des personnes sondées. 

Il faut savoir que le sentiment d'appartenance à la classe moyenne est très largement répandu. En France, entre 65 et 70% des gens selon un sondage IFOP disent en faire partie. Un chiffre légèrement inférieur aux États-Unis (62% selon un sondage Gallup) mais qui englobe tout de même une grande majorité d'Américains et donc des situations et des niveaux de revenus bien différents.

Cela étant dit, 400.000 dollars de salaire annuel cela paraît tout de même très élevé pour continuer à avoir le sentiment d'appartenir à la classe moyenne. Sauf que la Silicon Valley a vu ces dernières années son coût de la vie exploser. À commencer par le logement. Le prix de l'immobilier a cru de 150% en seulement sept ans à Palo Alto. Selon le site Zillow, le prix moyen des maisons vendues dans la "capitale de la Silicon Valley" vient d'atteindre un record historique à plus de 3 millions de dollars. Or pour acquérir un tel bien, relève une habitante de San Francisco, il faut être en mesure de verser 15.500 dollars par mois à sa banque pour rembourser son crédit. 

400 dollars une coupe de cheveux

Et tout est à l'avenant dans cette petite région où croiser une Tesla est aussi banal que de voir une Smart à Paris. Les témoignages recueillis par le Palo Alto Weekly décrivent un monde dans lequel tout coûte une fortune. "Ici mes amis qui travaillent dans la tech trouvent que payer 400 dollars une coupe de cheveux est tout à fait normal", explique ainsi Kathryn Soler, hôtesse de l'air. Un autre témoin dont le revenu familial se situe aux alentours de 300.000 dollars par an précise que ses seules dépenses alimentaires achetées sur les marchés locaux lui coûtent 1.700 dollars par mois.

"La plupart des gens ne semblent pas avoir des dépenses ostentatoires de gens riches, résume Terry Roberts, designer chez l'éditeur de logiciel Tableau. Ils ressemblent à des gens ordinaires, des gens de la classe moyenne qui peuvent se permettre de faire de beaux voyages et de s'offrir des plaisirs à la maison. On dirait plus des gens des classes moyennes aisés que de véritables riches."

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco