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Cette ville américaine va taxer très lourdement les sodas

Toutes les boissons sucrées seront concernées même les "light"

Toutes les boissons sucrées seront concernées même les "light" - Justin Sullivan - Getty Images - AFP

Pour lutter contre l'obésité, la ville de Philadelphie va taxer les sodas à hauteur de 51 cents le litre. C'est la première fois qu'une grande ville américaine imposera une telle taxe aux fabricants de boissons.

Philadelphie plus fort que les lobbies. La cinquième ville des Etats-Unis a réussi à faire passer ce qu'aucune autre grande ville américaine n'avait pu faire avant elle: une taxe sur les sodas. Seule la petite ville de Berkeley (12.000 habitants) avait imposé une telle taxe en 2014. Car si cette mesure existe en France depuis 2012, au pays de Coca-Cola, les autorités n'avaient jamais réussi à faire voter une telle taxe. Les lobbyistes de l'American Beverage Association avaient toujours réussi à faire avorter de tels projets. Et ce malgré la volonté affichée du couple présidentiel de lutter contre l'obésité aux Etats-Unis.

Plus cette fois. Dans quelques semaines, les fabricants de boissons gazeuses devront s'acquiter de cette taxe d'un montant très élevé puisqu'elle s'élève à 51 cents le litre de soda soit 45 centimes d'euros. A titre de comparaison, la taxe française n'est que de 7,4 euros par hectolitre vendu, soit moins de 8 centimes d'euro le litre. Et toutes les boissons sucrées seront concernées même les "light". La seule exception concernera celles qui contiennent plus de la moitié de lait ou de fruits. 

Mais la ville de Philadelphie a fait de la lutte contre l'obésité un combat depuis plusieurs années. Cette cité de 1,5 million d'habitants est une des villes des Etats-Unis avec les plus fortes inégalités sociales. Près de 27% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Un terreau donc favorable à l'épidémie d'obésité. 68% des adultes de Philadelphie et 41% des enfants seraient en surpoids. En imposant une telle taxe, la ville espère que le prix des sodas dissuade une partie des consommateurs.

Vers une nouvelle prohibition?

Avant d'imposer cette taxe, Philadelphie avait pris des mesures pour limiter la consommation de soda considéré là-bas comme le "nouveau tabac". Ainsi, dans les cantines de la ville américaine, les boissons sucrées sont bannies et les campagnes de sensibilisation à destination des parents y sont fréquentes. Avec succès puisque entre 2007 et 2013, les jeunes de Philadelphie ont consommé 4% de soda de moins que l'ensemble des Américains. 

Des coups de boutoir contre les sodas qui commencent à inquiéter les géants du secteur au premier rang desquel Coca-Cola. La firme d'Atlanta voit ses ventes de cola chuter depuis quelques années. Aux Etats-Unis, la consommation de soda a chuté de 25% ces 20 dernières années. En France aussi les ventes reculent depuis maintenant 5 ans. Si Coca tente de répondre sur le terrain commercial en lançant de nouvelles boissons comme le Life et tente de se repositionner sur l'eau, la firme dénonce ces taxes qui seraient selon elle contre-productives. Interrogé par l'AFP, un employé de Coca-Cola, Chris Hunter, a même prédit "le pire marché noir de boissons non alcoolisées depuis la prohibition" dans les années 1920 et 30. Philadelphie sera-telle la nouvelle Chicago?

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco