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Christine Lagarde craint l'orage sur la croissance mondiale

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- - Thomas Samson - AFP

La directrice du FMI a indiqué voir "des nuages sombres" s'accumuler à l'horizon sur la croissance mondiale en raison des menaces protectionnistes qui pèsent sur le commerce mondial.

La directrice générale du Fonds monétaire international Christine Lagarde voit "des nuages plus sombres" à l'horizon de la croissance économique mondiale en raison notamment des tensions entre les États-Unis et ses partenaires commerciaux qui menacent le libre-échange.

"Le tableau général est actuellement lumineux. Mais nous pouvons voir des nuages plus sombres pointer à l'horizon", a-t-elle déclaré à Hong Kong dans un discours en prélude à la réunion de printemps du FMI.

Christine Lagarde rappelle qu'en janvier, l'institution basée à Washington avait révisé en hausse ses prévisions de croissance économique mondiale à 3,9% pour 2018 et 2019.

Et, elle souligne que le FMI continue d'être optimiste alors que "les économies avancées devraient s'accroître au-dessus de leur potentiel de croissance moyenne cette année et l'année prochaine" et les États-Unis sont au plein emploi.

Parallèlement, en Asie, les perspectives restent solides, "ce qui est bon pour tout le monde puisque cette région contribue à près des deux tiers à la croissance mondiale", souligne-t-elle.

Pour autant, la dirigeante du Fonds monétaire international, dont les propos avaient été diffusés au préalable par le FMI, estime que le rythme de "la croissance attendue pour 2018 et 2019 va finir par ralentir" dans la mesure où les politiques pour soutenir l'économie vont s'estomper notamment aux États-Unis et en Chine.

Restreindre les importations affecte tout le monde

Elle souligne la nécessité pour les gouvernements d'agir pendant que le contexte économique demeure favorable. "La fenêtre d'opportunité est ouverte. Il y a désormais une nouvelle urgence parce que les incertitudes se sont accrues de manière significative", dit-elle citant les tensions commerciales, les risques fiscaux et financiers accrus ainsi que l'incertitude géopolitique.

Elle a en outre dressé des priorités pour soutenir la croissance économique, la première étant pour les gouvernements de "se tenir à l'écart du protectionnisme sous toutes ses formes".

"L'histoire nous montre que restreindre les importations affecte tout le monde, en particulier les consommateurs pauvres", a réagi Christine Lagarde.

Ces commentaires interviennent alors que les tensions entre les États-Unis et ses partenaires commerciaux, en particulier la Chine, ont redoublé d'intensité ces derniers mois. Le président américain Donald Trump estime que le déficit commercial abyssal de Washington avec le géant asiatique résulte de pratiques déloyales telles que "le transfert de technologie forcé" et "le vol de la propriété intellectuelle".

Après avoir imposé début mars des droits de douanes de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium, l'administration Trump a dressé une liste provisoire de produits chinois représentant 50 milliards d'importations susceptibles d'être soumis à leur tour à de nouvelles taxes américaines. Pékin a rétorqué en annonçant des représailles dans des proportions identiques visant les produits américains ce qui a poussé le président américain à surenchérir en menaçant de viser pour 150 milliards de dollars d'importations chinoises.

"Oui, il y a des pratiques déloyales - qui doivent être éliminées - et qui peuvent laisser des traces sur les balances commerciales entre les pays", a poursuivi Christine Lagarde, relevant que tous les pays doivent respecter les règles du jeu en protégeant par exemple davantage la propriété intellectuelle et en réduisant les distorsions qui permettent de favoriser les entreprises d'État.

Pour autant, estime-t-elle, "la meilleure façon de s'attaquer aux déséquilibres macro-économiques n'est pas d'imposer des droits de douane mais d'avoir recours à des politiques ayant un effet sur l'économie dans son ensemble comme les outils budgétaires ou les réformes structurelles". Elle suggère ainsi aux États-Unis de s'attaquer par exemple à leurs dépenses publiques.

N.G. avec AFP