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Chypre: deux jours pour trouver 7 milliards d’euros

A Athènes, les clients de Cyprus Popular Bank, la seconde banque chypriote, tentent de retirer leurs économies, le 22 mars 2013.

A Athènes, les clients de Cyprus Popular Bank, la seconde banque chypriote, tentent de retirer leurs économies, le 22 mars 2013. - -

Le Parlement grec a voté vendredi 22 mars une partie des mesures nécessaires pour que Nicosie remplisse sa part du contrat dans le cadre du plan de sauvetage négocié avec l’UE. Mais il lui reste des étapes à franchir, avant lundi au plus tard.

Dernière ligne droite pour Chypre alors que le président chypriote, Nicos Anastasiades, doit rencontrer les dirigeants européens à Bruxelles ce samedi 23 mars à la mi-journée. Nicosie doit trouver comment récolter 7 milliards d’euros d’ici lundi. Sinon, la Banque centrale européenne cessera de verser aux banques du pays les liquidités qui les maintiennent artificiellement en vie. Et leur faillite risque d’entraîner celle de l’Etat.

Une étape a été franchie vendredi soir : le Parlement chypriote a voté trois des huit mesures proposées par les dirigeants du pays comme une alternative à la très controversée taxe sur les comptes bancaires. Les voici :

> Restructuration du secteur bancaire : c’est la mesure qui a suscité le plus de débats entre les députés vendredi soir. Mais ils ont finalement acté à une courte majorité la restructuration des banques du pays. Elle est censée permettre de séparer le bon grain de l’ivraie parmi les actifs détenus par les établissements financiers du pays. C’est-à-dire d’isoler, en dehors des établissements les plus menacés, la mauvaise dette. Les deux premières banques du pays s'opposaient à cette mesure. Elles lui préférent la taxe sur les dépôts, malgré l'impact qu'elle pourrait avoir sur la confiance des déposants.

> Création d’un fonds de solidarité : les parlementaires ont également entériné la création de ce fonds, censé rapporter le gros des 7 milliards que Nicosie doit mettre sur la table. Il sera doté de l’argent provisionné pour payer les pensions de retraites des fonctionnaires. Les ressources de gaz offshore nouvellement découvertes au large de l’île pourraient également y contribuer. Reste qu'il est difficile d'évaluer ce qu'elles vont rapporter : l'ampleur de ces nouveaux gisements est encore très incertaine. Seuls les premiers forages ont eu lieu. Et même s'ils étaient très importants, leur exploitation prendrait des années en raison des infrastructures à mettre en place.

> Restriction des mouvements de fonds : Les banques chypriotes sont fermées depuis plus d’une semaine maintenant, et doivent le rester jusqu’à mardi. Les retraits de liquide sont restreints et les virements interdits. Le projet de taxe sur les dépôts bancaires, qui ne serait pas totalement écarté en dépit de son rejet par le Parlement le 18 mars, a échaudé les déposants. Craignant une vaste ruée bancaire dès la réouverture des établissements, les députés ont voté une loi qui empêche les gros mouvements de capitaux.

Le Parlement chypriote doit encore se prononcer sur cinq textes d’ici lundi, dont celui de la taxe sur les dépôts bancaires. Selon la télévision publique du pays, le gouvernement envisagerait de ponctionner les comptes sur lesquels reposent plus de 100.000 euros de fonds à un taux de 15%. L’agence de presse de l’île indique samedi que le Parlement examinera cette loi "soit cette nuit, soit demain matin".

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Nina Godart (texte) et Thomas Paulmyer (vidéo)