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Comment la tragédie grecque pousse la zone euro à tout changer

Les trois grandes puissances de la zone euro, France Allemagne et Italie, discutent pour réformer la zone euro.

Les trois grandes puissances de la zone euro, France Allemagne et Italie, discutent pour réformer la zone euro. - Philippe Wojazer - Reuters

Les négociations entre Athènes et les représentants de ses créanciers en Grèce ont repris ce lundi. En parallèle, les tractations vont bon train pour en finir avec les vices de construction de la zone euro.

Après la tension, la négociation. Les représentants des créanciers de la Grèce entament ce lundi, à Athènes, les discussions sur un nouveau renflouement du pays. Et si, en parallèle, d'autres discussions, au moins aussi importantes, étaient en train de s'engager pour repenser toute la zone euro?

La France, l'Allemagne, l'Italie à présent. Chacune des trois principales puissances de la zone euro formule son idée de ce que devra être cet euro de seconde génération. Un euro sur lequel on n'aurait plus à s'interroger un dimanche pour savoir s'il sera toujours entier le lundi qui suit. Les vices de construction de la monnaie unique apparaissent comme tellement flagrants que plus personne ne peut penser qu'elle continuera à fonctionner comme hier.

L'une de ses consciences européennes, le Français Jacques Delors, juge que le système actuel n'est "plus gouvernable". Comment le gouverner autrement -si tant est que l'euro puisse encore être gouverné-, c'est la question à laquelle disent vouloir répondre Paris, Berlin et Rome. Mais, une fois encore, chacun de son côté, et par médias interposés.

Alors, comment changer sans en discuter auparavant? Trois jours après le vibrant plaidoyer de l'exécutif français en faveur d'un gouvernement de la zone euro, avec son propre budget et un Parlement à qui rendre des comptes, chacun tente de montrer qu'il est à l'initiative.

Agir vite et précisément

Le président de la Commission européenne s'est déclaré favorable à cette proposition de François Hollande. Mais Jean-Claude Juncker a ajouté, dans un entretien au quotidien belge Le Soir, "encore aurait-il fallu que le président français prenne la parole quand j'ai présenté le rapport sur le sujet". Ce document, rédigé par les dirigeants des principales institutions européennes, recommande d'agir vite et précisément.

Cela passerait déjà dans les deux ans par un fonds de garantie des dépôts dans les banques à l'échelle de la zone euro, et plus dans chacun des Etats. Ensuite, d'ici à 10 ans, il faudrait aller vers un Trésor commun. Il permettrait à l'euro de devenir bien davantage qu'un moyen de payer des achats, de rembourser ses dettes ou bien de les contester.

Mais au-delà de cette base, la France, l'Allemagne et l'Italie n'ont pas la même approche. A Berlin, le porte-parole de la chancellerie rappelle qu'Angela Merkel et Francois Hollande ont publié dès la fin mai un texte commun. Une façon de cantonner les propositions du président français du 14 juillet à un discours national. Quand bien même Manuel Valls parle d'une France à "l'avant-garde". Autrement dit, hors de question de laisser à penser que seuls les Français ont un plan.

La vieille idée d'une taxe euro

Dans le dernier numéro du magazine Der Spiegel, on peut lire que le ministre allemand des finances, Wolfgang Schaüble, est ouvert à la perspective d'un transfert substantiel de ressources nationales vers un budget séparé destiné à l'ensemble de la zone euro. La vieille idée d'une taxe euro ressurgit alors. Une porte-parole de Wolfgang Schaüble a pris soin ensuite de préciser que, sans modification du traité, cela ne vaut même pas la peine d'en parler.

De ce point de vue au moins, Rome est en phase avec Berlin. Le ministre italien des finances explique dans le Financial Times que les ajustements a la marge, ce n'est plus possible. Pier Carlo Padoan réclame non seulement une union bancaire et un budget européen, mais en plus un système commun d'assurance-chômage, afin d'équilibrer les effets pervers de la garantie que procure l'euro, et la de partager davantage les risques. "Pas le bâton ou la carotte, mais la carotte et le bâton", clame l'homme politique.

Que signifient toutes ces déclarations? On ne le saura qu'à partir de septembre, lorsque les véritables discussions doivent s'engager.