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Commerce mondial: Trump veut mettre la pression sur les pays "tricheurs"

Trump veut mettre la pression sur les pays "tricheurs"

Trump veut mettre la pression sur les pays "tricheurs" - NICHOLAS KAMM / AFP

Le président américain a demandé à son administration de désigner les pays responsables du déficit américain. La Chine, l'Allemagne, le Japon, le Mexique ou encore la France son principalement visés.

Donald Trump continue son offensive pour transformer les règles du commerce mondial en demandant vendredi à son administration de désigner les pays responsables du déficit américain, ciblant notamment la Chine, mais aussi plusieurs pays européens. Le président des États-Unis doit signer deux décrets visant à désigner les causes et les responsables du déficit américain. Il poursuit ainsi son objectif affiché de vouloir protéger les travailleurs américains contre les méfaits de la mondialisation libérale, une entreprise qui nécessiterait de réviser de fond en comble les règles du commerce mondial, bâties sur un axiome libre-échangiste.

Selon le secrétaire au Commerce Wilbur Ross, l'objectif est d'aboutir, d'ici 90 jours, à une liste "pays par pays, produit par produit" qui devra identifier les cas de "triche", mais aussi d'accords de libre-échange qui n'ont pas tenu leurs promesses ou encore des règlements non respectés. Ce travail de recensement "servira de socle pour la prise de décision de l'administration", a-t-il déclaré. Car cette administration a pris depuis le début un virage radical en matière commerciale, envisageant de recourir au protectionnisme et de dénoncer plusieurs accords de libre-échange, aussi bien régionaux comme l'Alena que mondiaux, comme ceux de l'OMC, ce qui a plongé dans l'embarras ses partenaires.

La France parmi les pays visés

Les pays visés sont la Chine, l'Allemagne, le Japon, le Mexique, l'Irlande, le Vietnam, l'Italie, la Corée du Sud, la Malaisie, l'Inde, la Thaïlande, la France, la Suisse, Taiwan, l'Indonésie, le Mexique et le Canada. Selon le Secrétaire au Commerce, être désigné ne signifie pas nécessairement que des mesures de représailles seront prises. "Dans certains cas, cela sera simplement qu'ils sont meilleurs que nous pour produire tel ou tel produit ou qu'ils peuvent le produire moins cher", a-t-il expliqué.

Cette mesure s'inscrit dans la continuité de la réunion des ministres des Finances du G20 mi-mars à Baden-Baden (Allemagne), quand les Etats-Unis avaient imposé un virage historique à ce groupe des pays les plus puissants du monde en bloquant toute condamnation du protectionnisme dans le communiqué final. À Baden-Baden également, le Secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin avait déclaré que les États-Unis n'excluaient pas de vouloir réformer l'Organisation mondiale du commerce (OMC), la structure multilatérale chargée de libéraliser les échanges commerciaux. L'annonce de la confection de cet outil de travail américain intervient à quelques jours de la première rencontre très attendue entre Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping, en Floride.

D'un tweet jeudi soir, le président américain a prévenu que la rencontre serait "très difficile". "Nous ne pouvons plus avoir d'énormes déficits commerciaux (...) et des pertes d'emplois", a-t-il mis en garde. "Les deux présidents auront un échange de vues approfondi sur les relations bilatérales dans la nouvelle ère et sur les questions d'intérêt commun", a commenté le gouvernement de Pékin après la sortie de Donald Trump sur Twitter.

Indignation de l'Allemagne

Illustrant cette ligne américaine dure sur le commerce, Wilbur Ross a affirmé que des groupes sidérurgistes d'Autriche, de Belgique, de France, d'Allemagne, d'Italie, du Japon, de Corée du Sud et de Taiwan pratiquaient du dumping sur leurs exportations de produits sidérurgiques, selon Bloomberg News. Des déclarations qui ont provoqué l'indignation de l'Allemagne. "Je ne peux que prendre connaissance avec une grande incompréhension de la décision du ministère américain de l'économie d'une procédure anti-dumping contre Salzgitter et Dillinger Hütte", deux sidérurgistes allemands a réagi le ministre allemand des Affaires étrangères Sigmar Gabriel, parlant d'une "étape dangereuse".

L'administration Obama avait entamé une procédure pour instaurer des droits anti-dumping sur certaines importations d'acier en 2016. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a souligné vendredi "l'extrême importance" de travailler avec l'administration Trump sur le dossier commercial tout en évitant cependant de dramatiser les dernières annonces américaines. "Nous allons travailler ensemble pour améliorer ce qui est notre objectif fondamental et commun", c'est-à-dire dégager de la croissance "pour la classe moyenne", a-t-il affirmé.

Le chef du gouvernement italien Paolo Gentiloni s'est aussi ému vendredi matin, déclarant qu'il fallait "réaffirmer notre confiance dans des économies et des sociétés ouvertes, sur laquelle nous avons bâti des décennies de prospérité", alors que la presse italienne s'indignait que "Trump déclare la guerre à la Vespa", selon les mots du journal Il Messaggero. Il faudra "prendre une position claire sur un sujet sur lequel il ne peut pas y avoir d'ambiguïté", lors d'une réunion du G7 fin mai en Italie, a déclaré Paolo Gentiloni.

P.L avec AFP