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Coronavirus: après l'annulation du Mobile World Congress, les organisateurs de salons très inquiets

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L'épidémie du coronavirus a eu la peau du plus grand salon mondial du mobile qui devait se tenir fin février. Uen partie des futurs grands événements professionnels sont désormais sur la sellette suscitant les craintes des géants de l'événementiel.

L'annulation du MWC, le Mobile World Congress, qui devait avoir lieu à la fin du mois de février à Barcelone pour cause de coronavirus, a provoqué un tremblement de terre dans le secteur de l'événementiel.

Car ce grand rendez-vous annuel pèse lourd: plus de 100.000 visiteurs et presque 3000 exposants. Pourtant, aucun cas de coronavirus n'a été observé en Espagne mais les défections en série de gros acteurs du marché et la peur d'une contamination à grande échelle avec la venue de participants chinois ont eu la peau du salon.

De quoi plonger le secteur dans l'expectative voire l'angoisse. Car si plusieurs salons ont déjà été annulés ces dernières semaines à cause de l'épidémie il s'agissait d'événements de moindre importance et principalement en Chine.

Un marché à 137 milliards d'euros 

Il faut dire que l'organisation de salons professionnels génère 1,3 million d'emplois et 137 milliards d'euros de dépenses directes selon l'UFI, association regroupant les organisateurs de salons, qui recense 32.000 événements de ce genre chaque année dans le monde.

Désormais, les prochains grands rendez-vous sont sur la sellette. Parmi eux, le salon d'art contemporain Art Basel, prévu fin mars à Hong Kong, ou encore la Conférence et exposition sur l'aviation d'affaires en Asie de Shanghai, prévu fin avril. D'autant plus que la Chine accueille beaucoup plus d'événements majeurs que par le passé comme le Salon du vin de Chengdu qui attire 400.000 personnes, et qui a été reporté sine die par les autorités chinoises.

"Le nouveau coronavirus pose un défi pour les mois à venir", souligne à l'AFP le directeur général de l'UFI Kai Hattendorf, qui assure néanmoins que le secteur des salons internationaux est "résilient".

Pour Philippe Pasquet, directeur général du pôle "salons" de GL events, "il y aura très certainement un impact, mais très différent d'un salon à l'autre, et personne ne peut le mesurer à ce stade". "In fine, tout va dépendre de la durée de l'épidémie. A l'heure qu'il est, nous ne pensons pas que ça va durer, mais nous restons prudents", estime le responsable qui dit ne pas craindre "tant le virus que la psychose liée à l'épidémie".

Tout dépendra de la durée de l'épidémie

"Pour l'instant, la priorité, c'est de chercher à rassurer les parties prenantes. Si la situation devait se dégrader, avec un cas de contamination sur un salon, on passerait en mode crise avec des mesures de précaution renforcées, par exemple en limitant l'accès à l'événement", nuance à l'AFP Fabrice de Laval, directeur juridique du syndicat de l'événementiel, Unimev.

Et au-delà des salons, c'est l'ensemble des événements professionnels internationaux qui pourrait se voir menacé, comme les défilés de mode. "On aura beaucoup moins de monde aux défilés, les professionnels et les influenceurs chinois du secteur ne vont pas venir et on va mettre en place des moyens vidéo. Cela peut représenter 30% d'invités en moins sur les défilés selon les marques", a prévenu le PDG de Kering, François-Henri Pinault.

Ces annulations peuvent fragiliser financièrement les acteurs du secteur car ils sont obligés de rembourser ceux qui ont loué des stands. Certains organisateurs sont assurés spécifiquement contre le risque d'annulation. D'autres espèrent que les autorités des pays ou régions concernées prononcent des états d'urgence sanitaire ou des cas de force majeure pour faire jouer leurs assurances. Mais pour les autres, ça sera compliqué car maintenant que l'épidémie est déclarée, il est impossible de souscrire des assurances annulation.

Désarroi à Barcelone

Pour le Mobile World Congress, impossible encore de connaître la facture que devra payer le GSMA (l'organisateur) aux participants et/ou aux hôtels. Mais comme ce dernier est composé d'acteurs du secteur, notamment les opérateurs, une solution pourra être trouvée pour éviter trop de dégâts. 

La question de savoir s'il s'agissait d'un cas de force majeure ou non sera probablement clé lors des négociations pour déterminer qui paiera la facture de l'annulation.

"Je compte sur la responsabilité de tous, on ne peut pas faire porter à la GSMA le coût de cette annulation, cela concerne tout le monde", a insisté Stéphane Richard, président du conseil d'administration de GSMA et patron de l'opérateur télécom français Orange, sur BFM Business.

Ces annulations fragilisent également les villes et les régions qui accueillent ces salons. Barcelone est un cas d'école: le MWC est l'événement de l'année. Le GSMA avait estimé qu'il générerait 492 millions d'euros de retombées locales et plus de 14.000 emplois dans de multiples secteurs.

Dans l'hôtellerie, l'événement permet ainsi de générer le chiffre d'affaires le plus élevé de l'année tandis que dans les véhicules avec chauffeurs, "cela représente près de 20% de la facturation annuelle", déplore le président du patronat du secteur en Catalogne, José María Goñi. 

Olivier Chicheportiche